Coupe du monde 2014 : dans la favela avec la légende Jairzinho
REPORTAGE - L'ancienne gloire Jairzinho, attaquant de la Seleçao championne du monde 1970, a joué les guides dans la favela Manginhos, longtemps considérée comme l'une des plus violentes de Rio.
Il a beau ne plus avoir ses jambes de 20 ans, Jairzinho reste une légende. Quand ce petit bonhomme ventru pénètre dans la favela Manginhos, le temps s'arrête et tout le monde, jeunes et vieux, se précipite pour saluer l'ancien attaquant de la Seleçao, champion du monde en 1970.
"L'important, c'est l'éducation", explique un Jairzinho très à cheval sur la politesse et la ponctualité. "On essaie d'en faire des hommes biens et après de bons footballeurs". Car, à 69 ans, l'ex-buteur ne s'est pas reconverti comme consultant. Non, il a préféré investir dans la jeunesse en créant, voici quatre ans, sa "Fabrica de Talentos", un centre de formation pour jeunes défavorisés.
"C'est très important pour la communauté. Jairzinho est un exemple pour tous, en tant que joueur mais aussi en tant que personne. Il permet à tous ces jeunes d'éviter tous les problèmes liés à la drogue", confie Jorge Eiras, son adjoint, professeur de sport à l'université et coordinateur du programme.
En faire des hommes avant des footballeurs
Les deux hommes soulignent des problèmes d'argent. Effectivement, Manginhos a longtemps été considérée comme l'une des favelas les plus violentes de Rio de Janeiro. Malgré l'intervention de la police, les stigmates restent ici encore vivaces.
Et la vingtaine d'adolescents qui s'entraîne sous un soleil de plomb le fait sur un terrain de fortune du Rio Petropolis FC, pas franchement aux normes FIFA. Malgré les rebonds incertains, la technique est sûre : coups du sombrero, petits ponts, frappes de loin... Les petits Brésiliens ont le ballon dans le sang.
Passé par Botafogo, Cruzeiro et l'OM, Jairzinho, lui, guide ses troupes. Champion du monde avec l'équipe brésilienne de 1970, celle que l'on dit la plus belle, la plus forte de tous les temps avec ses Pelé, Tostao, Gerson ou Rivelino, il ne crie pas, il indique. Et ses protégés l'écoutent. "C'est un grand grand joueur. Il a marqué un but dans chaque match de la Coupe du monde 1970", se rappelle Leao du haut de ses 15 ans.
"Il aurait pu vivre de sa notoriété mais il donne de son temps pour s'occuper de nous et nous aider. C'est un homme bon." Un homme bon qui, le sourire aux lèvres, tente d'aider la jeunesse brésilienne. "Je fais cela depuis vingt ans", assure Jairzinho. "Je donne simplement ce que j'ai reçu."
