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Une jeune supportrice du Brésil, à Rio, le 22 juin 2014. (archives)
Crédit : CHRISTOPHE SIMON / AFP
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"Qui va gagner la Coupe du monde ? La France, l'Allemagne, les Pays-Bas... Même l'Argentine de Lionel Messi ! Peu importe, du moment que ce n'est pas le Brésil !" Comme Joao, dont la moustache frétille pour le Portugal quand on le titille sur son favori pour le Mondial, de plus en plus de Brésiliens ne veulent pas entendre parler d'une victoire de la Seleção lors de la Coupe du monde 2014.
"On ne se reconnaît pas dans cette équipe. Les joueurs jouent tous en Europe, ils sont partis jeunes et on ne les connaît pas vraiment", souligne Léa, la vingtaine et un maillot de Ronaldinho sur le dos. "D'ailleurs, ils nous font moins rêver que leurs glorieux prédécesseurs comme Pelé, Zico, Socrates..."
Pour d'autres Carioca, les raisons sont plus politiques. "En tant que Brésilien, je veux que le Brésil gagne. En tant que citoyen, je veux que le Brésil perde", confie ainsi Gustavo, jeune avocat dans le nord du pays. "Si la Seleção s'impose, Dilma Roussef va surfer sur cette victoire. On n'en peut plus d'elle."
Même son de cloche pour Claudio. "C'est la Coupe du monde de la FIFA, pas celle du Brésil !", assène ce quadra qui ne va pas au stade car les billets sont trop chers. "Ici, personne ne profite vraiment de l'événement : on voit cette Coupe du monde comme une gigantesque machine à gaspillages, une vitrine pour Dilma Rousseff, notre présidente, qui se représente aux prochaines élections."
Dilma Rousseff voulait en effet faire de sa "Copa" un marchepied vers sa réélection. C’est raté. La présidente-candidate, qui entendait faire du Mondial un argument électoral, voit sa popularité s’effriter à moins de 4 mois de la présidentielle Les gens ne sont pas forcément dans la rue mais, devant leur télévision, ils insultent en chœur leur présidente. "Fora Dilma!" (Dehors Dilma!).
En 2009, le ticket de bus valait 2,20 réals. En 2014, il faut débourser 3 reals (soit 1 euro) pour un trajet. "C'est "muito caro", explique Alejandre. "Et ne parlons même pas du prix des billets pour aller au Maracana. Ce sont les Américains et les étrangers qui ont tout acheté."
Moins virulent, Norberto, un octogénaire à l’œil plein de malice, n'attend pas non plus de Neymar qu'il soulève le trophée le 13 juillet : "Tous les Brésiliens sont dégoûtés par les millions de reals engloutis, gaspillés par l'organisation de ce Mondial et des JO qui arrivent dans deux ans. Allez faire un tour dans les hôpitaux ici, vous verrez, le malaise est criant !"
Depuis 1994, Coupe du monde et élection présidentielle au Brésil tombent la même année, créant ainsi une synchronicité involontaire mais poétique entre le monde du football et celui de la politique. En 1994, comme en 2002, années de victoires pour la Seleção, Fernando Henrique Cardoso et Lula, présidents sortants, avaient été réélus. Dilma Rousseff, au pouvoir depuis 2011, briguera un deuxième mandat en octobre. Entre élection et sélection, les Brésiliens ont choisi.
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