2 min de lecture
Robert Badinter et Julien Clerc
Crédit : AFP
"Il fallait du courage à l'époque". Robert Badinter entre ce jeudi 9 octobre au Panthéon. Artisan de l'abolition de la peine de mort en France, il est en partie à l'origine d'une chanson longtemps restée dans les tiroirs de Julien Clerc, jusqu'en 1980 : L'assassin assassiné. L'histoire de ce titre est liée à un procès majeur dans le chemin pour l'abolition de la peine de mort.
En 1980, le meurtrier Norbert Garceau est jugé à Toulouse. Un peu plus tôt, il a été condamné à mort, mais sa condamnation est annulée pour "vices de procédure". Robert Badinter devient alors l'avocat de la défense et Julien Clerc est présent dans la salle. "C'est à lui que je dois cette façon de me recueillir seul sur moi-même", confiait le chanteur sur RTL le 9 février 2024, quelques heures après l'annonce du décès de Robert Badinter.
"Je n'avais jamais vu la justice de mon pays fonctionner. Nous sommes allés à Toulouse et j'ai suivi les débats. C'était un procès où il y avait une dimension dramatique très grande", décrivait-il. Norbert Garceau avait écopé de la peine de mort en première instance. "J'ai pu voir ce jour-là Badinter plaider, après deux jours de débats. Sa plaidoirie, je l'ai compris après, c'était une plaidoirie contre la peine de mort."
À la fin du procès, Julien Clerc a pris un train de nuit pour regagner la capitale, le même que Robert Badinter. "Je le revois dans ce couloir. Il nous a dit : 'Il faut absolument arriver à une solution d'abolition. Un jour, lors d'un procès comme celui-ci, ça va mal se terminer", se souvenait l'artiste.
Julien Clerc a pris sa plume une fois arrivé à Paris et il a rapidement écrit L'assassin assassiné avec Jean-Loup Dabadie. Il a tout de même expliqué qu'une chanson sur la peine de mort était déjà "dans les tuyaux" avant cette rencontre.
"J'ai remis la chanson dans son tiroir après l'avoir faite et enregistrée", affirmait le chanteur. À l'époque, la société française était largement en faveur de la peine capitale. "Comme de temps en temps, je me suis dit : 'De quoi tu te mêles ?'", racontait Julien Clerc. Ce n'est que lorsque Jean-Loup Dabadie lui a demandé "en ami" de venir interpréter le titre dans les médias qu'il s'est engagé publiquement avec cette chanson.
Il fallait du courage pour se déclarer opposé à la peine de mort
Julien Clerc
Peu après, il a fini par recevoir une lettre écrite de la main de Robert Badinter. "Comme je suis quelqu'un d'un peu négligent, je l'ai perdue depuis. Je m'en souviens et elle est gravée dans ma tête. Il me disait : 'Votre chanson fait plus pour la cause'. Il avait employé un terme comme '30 discours et 25 conférences".
Julien Clerc ne regrette aujourd'hui pas le moins du monde d'avoir interprété ce titre. "Il fallait du courage à l'époque. J'en suis assez fier aujourd'hui. Il fallait du courage pour se déclarer opposé à la peine de mort. C'est une décision qu'il faut maintenir toute sa vie. C'est à lui que je dois cette façon de me recueillir seul sur moi-même".
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte