Il restera à jamais gravé dans la roche du rap français. L'École du micro d'argent est sorti le 18 mars 1997. L'album d'IAM allait alors devenir l'une des plus grandes inspirations des prochaines générations de rappeurs, un disque emblématique, une "référence". Il fête ce samedi ses 20 ans. Et deux décennies plus tard, il n'a pas perdu de sa superbe.
Aujourd'hui encore les "vibrations des tam-tam de l'Afrique" dans Petit Frère résonnent dans certains iPod ou playlists Soundcloud. Les titres les plus phares du groupe marseillais sont réunis dans ce disque de quelque 16 morceaux.
En 2017, certains rappeurs, plus ou moins jeunes, écoutent toujours ces tubes issus de L'École du micro d'argent (EMA). Quatre d'entre eux, originaires de régions variées et issus de générations différentes, se sont confiés à RTL.fr. Pour tous, L'École du micro d'argent reste un "classique".
Si ce n'est pas le premier disque de la formation phocéenne, il se distingue des autres par la "qualité des sons". C'est l'analyse que fait entre autre Krimsa, un jeune rappeur parisien qui avait alors à peine 7 ans quand le disque est sorti dans les bacs. "Il n'y a aucun titre à jeter", insiste-t-il, confiant au passage qu'il lui arrive toujours d'en écouter quelques-uns, "au moins une fois par mois"
Même avis chez Zamo, jeune rappeur marseillais du collectif Sales Gosses, qui approche la trentaine et qui, lui, avoue écouter encore "tous les jours" au moins une de leurs chansons. Si Krimsa devait en retenir qu'une seule ? "Je peux pas y'en a trop", répond-il avant de trancher, sous la contrainte : "La Saga, parce que c'est une des premières fois qu'un groupe français faisait un featuring avec une formation américaine", en l’occurrence le fameux Wu-Tang Clan.
Il y a de l'honnêteté, des punchlines, de la technique, du bon flow
Hmless
Un peu plus vieux, Kacem Wapalek, originaire de la région lyonnaise, a lui aussi "toujours une ou deux petites chansons qui traînent". Celui qui prépare un deuxième album a aussi rangé L'École du micro d'argent dans la catégorie des "albums phares, autant pour IAM, que pour le grand public, que pour moi". Une notoriété unanime qu'il explique aussi par le fait qu'il est "hyper bien produit, à l'américaine, très propre".
Celui qui en parle le plus avec le cœur, reste encore ce jeune rappeur de presque 16 ans. Hmless n'était pas né quand la pochette fleurissait dans les Fnac de France. Mais en tant que jeune Français, "L'École du micro d'argent représente notre rap à nous, qui vient de chez nous et c'est une belle fierté je pense d'avoir ce groupe sur le trône, l'album est un classique et le restera toujours (...) Simplement parce que l'album est réussi de la première à la dernière musique, le travail est juste énorme, les textes sont cohérents, y a de l'honnêteté, des punchlines, de la technique, du bon flow".
Ce qui fait la force des titres d'IAM, c'est leur intemporalité. Là aussi nos rappeurs tombent tous d'accord. "Si je devais faire écouter un de leurs albums à quelqu'un ça serait celui-là, les thèmes sont hyper larges avec une dimension engagée" et, notamment, "la politique de la cité", argumente le rappeur lyonnais qui a découvert L'École du micro d'argent "dès sa sortie".
On pense notamment aux textes de Né sous la même étoile, Dangereux ou Petit Frère. "Et si petit frère veut faire parler de lui / Il réitère ce qu'il a vu avant 8 heures et demie", rappait Akenaton en 1997. Aujourd'hui, ces paroles ont toujours autant de sens. Si ce n'est plus. Ce titre est d'ailleurs le favori du jeune Hmless parce que, quand il avait 12 ans et qu'il "commençait un peu trop à faire le grand", il l'a "écouté à nouveau" et s'est "senti idiot", s'est "remis en question". "Ça m'a évité pas mal d'erreurs", résume-t-il.
Les thèmes sont hyper larges avec une dimension engagée
Kacem Wapalek
"C'est encore d'actualité", confirme de son côté Krimsa, tout comme Zamo : "Ce sont des références qui ont marqué. Elles sont intemporelles". Les thèmes abordés concernant donc les problèmes de société résonnent encore. Mais pas que. Comme le souligne Kacem Wapalek, tout l'album n'est pas politisé. Il suffit d'écouter L'Empire du côté obscure ou Elle donne son corps avant son nom pour comprendre l'éventail des thèmes abordés.
Une restera incontestablement dans l'histoire du rap français : Demain c'est loin. L'ultime titre de l'album est en effet un monument du genre. C'est le seul à durer 9 minutes sans refrain et surtout, toute la première partie de Shurik'n est écrite en anadiplose : chaque phrase commence par le mot qui termine la précédente.
Sorti dans les années 90, L'École du micro d'argent représente de plus tout ce qui a fait l'âge d'or du rap français. Cette fameuse phrase "Le rap c'était mieux avant" fait elle-même référence à cette époque, propre aux années 90, où fleurissaient les groupes de rap partout en France avec des MC aussi renommés que NTM, ATK ou encore Mc Solaar... Elle fait aussi écho à une nostalgie certaine d'une génération qui regrette son enfance/adolescence.
Mais pour beaucoup, cet album a été la porte d'entrée vers le monde du rap. C'est le cas de Krimsa, par exemple, qui a découvert le rap avec L'École du micro d'argent. Kacem Wapalek fait la même analyse. Pour lui, "cet album-là, des années 90, rappelle notre jeunesse."
D'ailleurs le groupe repart en tournée événement pour célébrer cet anniversaire. À l'hiver prochain, Akhenaton et sa clique seront à Paris pour deux dates les 24 et 25 novembre. Ils reprendront leurs tubes avec un public qui, on en doute pas, sera nombreux à reprendre en chœur : "Dans toutes les situations, sans inhibition / Elle donne son corps avant son nom".
C'est justement parce qu'il est un monument du rap français que L'École du micro d'argent sème encore aujourd'hui quelques influences. "Si aujourd'hui on produit des sons assez différents, IAM c'est un peu à l'origine, on part tous de là, explique Krimsa. Les flows de L'École du micro d'argent c'est la base du rap. Même encore aujourd'hui les rappeurs sont influencés par ces mecs-là".
Une réflexion approuvée par Hmless : "En tant que jeune rappeur, ça représente surtout un exemple à mon goût, une grande source d'inspiration, ça m'est déjà arrivé plusieurs fois de m'identifier à un de leurs morceaux et donc par la suite de m'en inspirer pour un de mes morceaux à moi, c'est un peu comme si c'était mes grands frères."
Les flows de 'L'École du micro d'argent' c'est la base du rap
Krimsa
D'autres ce sont nourris indirectement des textes des Marseillais, comme Zamo, originaire de la même ville. Pour lui, l'inspiration est davantage venue de groupes un peu plus récents, de "sa génération", à l'instar de la Fonky Family, qui s'inscrit dans la continuité d'IAM.
Kacem Wapalek, lui, confie essayer de s'inspirer le moins possible des autres pour faire un maximum "du Kacem Wapalek". N'empêche que pour lui, "le rap c'est comme un gros arbre avec des racines communes. Une des branches c'est IAM, elle est là et portera ses fruits encore longtemps sans empêcher les autres de pousser. Le rap, plus il a de branches, plus il est en bonne santé", conclut-il.
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