Nicolas Bedos sur RTL : "Une partie de l'opinion publique tend à refuser l'idée de rédemption", estime l'acteur, condamné pour agressions sexuelles

Condamné en octobre 2024 à un an de prison dont six mois avec sursis pour des agressions sexuelles sur deux femmes en 2023, l'acteur et réalisateur Nicolas Bedos revient dans un livre sur son parcours avant et après ce jugement. Dans La Soif de honte, disponible ce mercredi 7 mai, il regarde en face ce qui lui est reproché. On le lit assez fasciné, avec une interrogation : n'y a-t-il pas aussi derrière tout cela une opération de communication, une tentative de réhabilitation ?

"La suspicion d'entreprise de réhabilitation médiatique ou de stratégie, elle est absolument inévitable", répond l'acteur au micro de RTL. "Ce livre démarre trois ans avant les faits qui me sont reprochés. Ça devient le début d'une nécessaire prise de conscience, d'abord au départ pour moi-même, pour mes proches, qui subissent un état pathétique de léthargie, de black-out, d'auto-sabotage nocturne très particulier, très douloureux. Ça faisait plusieurs années, pas pour des choses graves de l'ordre de l'agression sexuelle, que certaines de mes amis me décrivaient, passés 3h du matin, comme un personnage que j'avais envie de baffer", poursuit-il.

Le refus de l'étiquette du "fêtard débridé"

Dans ce livre de 303 pages, Nicolas Bedos décrit son état de sidération dans lequel il se trouve lorsque l'affaire survient. "À aucun moment il n'y avait eu de prise de conscience de quelque chose d'agressif et encore moins sexuellement. Ce qu'on m'a toujours rapporté, c'est quelque chose de désinvolte, d'odieux, d'intrusif, de provocateur, mais ça s'inscrivait dans un truc qui, selon moi, et à tort, relevait du fêtard débridé. Et donc, quand tout d'un coup, les mots se posent, et des mots qui me font froid dans le dos, je les refuse, ces mots-là. Et ce livre raconte comment on n'entend pas et on n'accepte pas la violence de cette étiquette", explique-t-il.

On assiste à quelque chose de salvateur en ceci qu'elles posent des mots sur des phénomènes que certains d'entre nous associons jusque-là à la séduction, à la provocation, à la théâtralité.

Nicolas Bedos

L'acteur et réalisateur ne sait pas quel avenir sera le sien, il n'a "plus aucune prise sur ces questions-là". S'il reconnaît ne pas avoir été lâché sur le plan personnel, il pointe du doigt "le double discours permanent" dont il est témoin.

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"Il y a des hommes, y compris des hommes qui n'ont rien à se reprocher, mais qui se mettent à relire leur passé à l'aune de ce qui m'est reproché, d'accusations qui débarquent tous les jours dans la presse. On assiste à quelque chose de salvateur en ceci qu'elles posent des mots sur des phénomènes que certains d'entre nous associons jusque-là à la séduction, à la provocation, à la théâtralité", indique-t-il. 

"À cause de la radicalité nécessaire de cette période par rapport à des siècles de violences et d'abus faits aux femmes, il y a une partie de l'opinion publique qui tend à refuser l'idée de rédemption. Mais ça n'est pas un problème seulement pour moi, pour mon petit avenir personnel, matériel, par rapport à ma petite fille adorée et par rapport à ma compagne. C'est un problème pour tout un chacun parce que dans une société sans rédemption, ça n'incite plus à la remise en question, à cet examen de conscience que j'essaye péniblement, difficilement de faire. Si ma démarche, on l'ajoute à mes forfaits, à ce moment-là, c'est donner raison à tous ceux qui ne s'interrogent absolument pas sur la conséquence de leurs actes", estime-t-il.