Médias : une confiance des Français au plus bas depuis 32 ans

Les Français s’intéressent très fortement à l'actualité mais font de moins en moins confiance aux médias, selon la nouvelle édition du baromètre annuel du journal "La Croix".

Un journaliste règle sa caméra avant une conférence de presse au ministère de la Justice.

Crédit : LOIC VENANCE / AFP

Le baromètre vire au rouge vif. Selon la nouvelle édition de l’étude annuelle du journal La Croix, la confiance des Français dans les médias atteint son plus bas niveau depuis le premier sondage réalisé en 1987.

Média préféré des Français, la télévision est la plus sévèrement jugée : 38% des sondés lui font confiance, c'est 10 points de moins en 1 an. Côté radio, les chiffres sont meilleurs avec 50% de Français qui lui font confiance mais là aussi les chiffres sont en baisse, de 6 points sur l'année. Enfin, la presse perd 8 points avec 44% des lecteurs qui disent lui faire confiance selon cette étude dévoilée jeudi, réalisée début janvier par l'institut Kantar Sofres auprès d'un millier de personnes.

Mais au-delà de ces très mauvais chiffres, quelques bonnes nouvelles : "Ce sondage fait apparaître un grand esprit critique", analyse le directeur de La Croix, Guillaume Goubert. "Ça nous dérange, ça nous secoue, mais ce n'est pas une mauvaise nouvelle", a-t-il encore indiqué lors d'une table ronde pour analyser ces résultats organisée mercredi.

Par ailleurs, s'ils s'en méfient de plus en plus, les Français s'intéressent aussi de plus en plus à l'information. Après un pic enregistré à la suite des attentats de 2015, l'intérêt porté à l'actualité avait chuté dramatiquement avant de remonter début 2019, en plein mouvement des "gilets jaunes". Les deux-tiers (67%) des personnes interrogées déclarent maintenant "suivre les nouvelles avec grand intérêt", contre 62% en 2018.

Les médias parfois accusés de dramatiser l'actualité

Des chiffres à relativiser toutefois puisque toutes les classes d'âge ne manifestent pas un même intérêt : 74% des plus de 65 ans témoignent d'une appétence moyenne voire grande pour l'actualité et moins de la moitié des 15-24 ans dit s'intéresser à l'actualité (50%), tout comme les moins diplômés (51%).

Pour suivre le mouvement des "gilets jaunes", les Français ont privilégié dans l'ordre les JT des grandes chaînes, la radio, les chaînes d'info en continu mais aussi Facebook, devant les grands titres de la presse quotidienne ou les grands sites d'information sur internet. Seul un tiers des Français interrogés se déclare satisfait de la couverture médiatique du mouvement, 67% des sondés reprochant notamment aux médias d'avoir "dramatisé les événements" (67%) et laissé trop de place "à des gens qui expriment un point de vue extrême" (52%).

Ce qui peut également expliquer la défiance des Français envers les médias nationaux : les choix éditoriaux. Aussi, concernant l'actualité de l'année 2018, les Français considèrent que les médias ont "trop parlé" du litige sur l'héritage de Johnny Hallyday, de "l'affaire Benalla", mais aussi de la victoire française à la Coupe du monde de football.

Ils regrettent au contraire que les médias n'aient pas assez parlé de la Marche pour le climat à l'automne, des affaires de pédophilie dans l'Eglise catholique et de la loi contre le harcèlement de rue. Enfin, près de trois-quarts des sondés estiment les journalistes ne sont indépendants ni du pouvoir politique ni des pressions de l'argent.

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