"Les salauds devront payer", le nouveau polar d'Emmanuel Grand

À la veille d'un week-end qui s'annonce gris et pluvieux, voici un bon polar à lire au sec et au chaud, Les salauds devront payer d'Emmanuel Grand, publié aux éditions Lian Levi. On vous en avait dit le plus grand bien il y a 2 ans lorsqu'il avait fait des débuts très prometteurs avec Terminus Belz, un polar où se téléscopaient deux univers, celui des mafieux de l'Est et celui des marins pêcheurs bretons sur une petite île imaginaire mais terriblement réaliste. On se réjouit de voir Emmanuel Grand confirmer avec éclat son talent. Et comme dans sa première intrigue, il épate par sa capacité à reconstituer un lieu, un décor, une atmosphère. 

La fascination de la province

"Le déclic pour moi, c'est le lieu. La première question que je me pose lorsque je veux écrire un livre, c'est 'Où est-ce que ça va se passer ? Où est-ce que je vais planter ma tente pendant deux ans ?', indique l'auteur à RTL. En l'occurence, je me suis souvenu d'un weekend où j'étais invité par des amis lillois dans un estaminet en Flandre."

La première question que je me pose lorsque je veux écrire un livre, c'est 'Où est-ce que ça va se passer ?'

Emmanuel Grand

Quel décor Emmanuel Grand a-t-il planté ? Celui de Wollaing, une petite ville entre Douai et Valenciennes, ne la cherchez pas sur la carte, le nom est fictif mais des Wollaing tels qu'ils sont décrits par Emmanuel Grand, il en existe bel et bien dans cette région laminée par la crise et le chômage, où les glorieuses usines d'antan ont laissé la place aux friches industrielles d'aujourd'hui. À Wollaing, l'assassinat d'une jeune toxicomane va faire resurgir de vieilles rancoeurs et réveiller d'encombrants fantômes.

"Récemment, j'ai revu les Noces Rouges de Chabrol. Je partage avec lui cette fascination de la province, du pouvoir du non-dit, de l'oppression du non-dit. Il y a une lutte des classes, dormante, mais sévère. C'est un aspect que j'aime investiguer dans mes livres." 

Parler du réel à travers le polar

À lire aussi

festival de Cannes

DOCUMENT M6/RTL - "Nous avons six idées de nouveaux films" : les confidences de Tom Cruise

Emmanuel Grand applique avec brio les codes du polar : brouiller les pistes, entretenir le suspense, brosser des personnages mémorables, de faux gentils, de vrais salauds, un duo de flics épatant, un dur à cuir et une beurette hyperdouée. Mais il ne s'en contente pas, Emmanuel Grand donne une véritable dimension sociale à son intrigue, et c'est aussi cette ambition-là qui fait sortir du lot Les salauds devront payer.

"J'ai envie de parler du réel, et le polar le permet, c'est un de ses attributs, estime Emmanuel Grand. De parler d'une France broyée par le système, qui est exclue, qui ne trouve pas sa place. J'ai en toile de fond une révolte personnelle, politique, ce qu'on voudra, qui est que je n'admets pas qu'un système fonctionne aussi bien aux dépens de l'humain. Si l'humain n'est pas la finalité du système, là je dis qu'il y a un bug."

Et il y a un énorme bug dans le passé industriel et syndical de Wollaing qui va faire méchamment déraper le présent de ce patelin imaginaire mais bigrement réaliste du Nord de la France. L'heure de solder les comptes a sonné, à vous de découvrir la vérité nue et vengeresse ! Oui, Les salauds devront payer porte bien son titre et Emmanuel Grand, son nom, car grand du polar, il l'est désormais avec ce deuxième succès publié aux éditions Liana Levi.