"Elle joue de la mandoline avec ça mais elle en est revenue, hein...Elle se porte bien, hein...Bon alors, quand on me parle du génocide, je me dis : 'en tout cas ils ont loupé la mère Veil'...Ben oui". Le téléspectateur a du mal à croire qu'un si grand cinéaste, Claude Autant-Lara, ait pu tenir des propos aussi bas sur Simone Veil, femme politique française, déportée à Auschwitz à l'âge de 17 ans .
Comme le son n'est pas bon, on veut d'ailleurs d'abord croire qu'on a mal entendu. Mais non, c'est bien le réalisateur de La traversée de Paris qui, un matin de 1979, répond par téléphone à un journaliste. Il est alors député du Front national au parlement européen dont Simone Veil est la présidente. Et cela fait très peu de temps qu'elle évoque les camps de concentration, et cette période de sa vie dont elle avait toujours refusé de parler (même à ses proches) au profit de l'instinct de vie après l'instinct de survie.
La première fois qu'elle évoque le sujet, c'est sèchement, de manière lapidaire si on ose dire puisque c'est en posant la première pierre d'un hôpital parisien qu'elle déclare à un élu admiratif devant sa façon de maçonner : "Je suis très douée...mais j'ai fait ça, non j'ai fait ça en déportation...alors je fais ça très bien...Ça a été mon métier". Pas un muscle de son visage ne bouge, aucun frémissement ne traduit ni ne trahit un éventuel émoi.
Elle repense à ce qu'elle a subi à l'Assemblée nationale quand, jeune ministre de la santé de Valéry Giscard d'Estaing, elle défend le projet de loi sur l’avortement dont ne veut pas se charger le garde des Sceaux, Jean Lecanuet. Son préambule a pourtant ému, touché, sensibilisé, rassemblé mais au fil des jours on commence à parler de fours crématoires pour bébés, de méthodes ramenant au régime nazi...Lui dire ça à elle, Simone Veil qui, séparée de sa famille et cachée sous un faux nom chez des enseignants, a passé son bac malgré le danger et l'a obtenu. Elle qui a porté à bout d'énergie sa mère et sa sœur à Auschwitz, qui s'est faite dure parce que l'époque l'était mais n'a pu entraîner sa mère à l'être suffisamment pour survivre. Oui, c'est une leçon de vie et de dignité, et d'amour.
Un jour, une histoire est diffusé ce mardi soir à 20h50 sur France 2, et les quelques images de reconstitution maladroites ne sont pas assez nombreuses pour polluer notre émotion devant cette femme qui n'a perdu de temps à haïr. Qui a fait pousser de l'honneur sur de l'horreur.
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