Isabelle Morini-Bosc : "'Mardi Cinéma' est un dommage collatéral de la programmation"

Allez, si l'on faisait une nouvelle fois le coup du "rasoir à deux lames" pour commencer ce billet là où celui d'hier s'était arrêté, c'est-à-dire en évoquant les audiences d'un Mardi Cinéma qui, disions-nous, risquait de pâtir d'une concurrence particulièrement difficile. Souvenez-vous, nous avions souligné que le mardi précédent, TF1 (avec Blindspot) et France 3 (avec Capitaine Marleau) s'étaient partagé la part du lion, on parlait bien sûr des parts de marché puisque ce soir-là, les deux chaînes avaient attiré 42% du public télé global, avec 9,8 millions de téléspectateurs. Autant dire 10 millions de fidèles.

Justement particulièrement fidèles, quelle que soit la qualité du programme leur étant opposé sur France 2, un programme se retrouvant dès lors coincé entre les deux chaînes comme un bouquin entre deux serre-livres. Mardi Cinéma, suivi par moins de 2 millions de curieux, a été hier victime de ce même phénomène dit "des cymbales", le truc "bloqué" entre deux éléments de même nature qui lui font mal. Le fait est indéniable, c'est l'interprétation pouvant en être faite qui, elle, est contestable. On se trompe en effet souvent de "cible" en établissant tout de suite un lien entre qualité et quantité. 

Ne zappez pas pour autant France 2

Or ce n'est pas l'équipe de Mardi Cinéma qu'il faut critiquer, mais plutôt la patronne de la fiction de France 3 qu'il faut féliciter. En mettant son Capitaine Marleau à l'antenne, Anne Holmes a visé juste. Pensez qu'avec une rediffusion, cette Marleau un peu marlou a fait la course en tête, celle de l'audimat, et c'est peu de dire que cette femme gendarme le mérite. Oui, Corinne Masiero, Josée Dayan et Anne Holmes ne se sont pas "gendarmées" pour rien... Ce qui est juste et justifié. On regrette simplement que Mardi Cinéma soit un dommage collatéral, et se repose peut-être en revanche la question de l'heure de programmation. Cette émission n'aurait-elle pas davantage eu sa chance sinon sa place en deuxième partie de soirée ? Faut voir... pour savoir. Et comme je suis dans la phase "Aidons ce qui mérite d'être aidé", il me reste maintenant à supplier le téléspectateur de ne pas déserter France 2 deux soirs de suite. 

La chaîne propose en effet ce soir un téléfilm remarquablement réussi sur un thème incroyablement difficile, la maladie d'Alzheimer. On suit ainsi le quotidien de 3 sœurs confrontées à l'évolution de la maladie de leur mère, jouée par la fabuleuse Marthe Keller. C'est fin, c'est fort, on rit autant qu'on pleure, voire en fait bien davantage. Le fou rire n'est-il pas le meilleur des garde-fous, précisément ? C'est une fois de plus prenant, surprenant, jamais misérabiliste. C'est même en fait une leçon de vie, de vie malgré tout, voire une sorte de "mode d'emploi" qui devrait nous réunir devant le poste au lieu de nous en éloigner.

Un film passionnant qui dédramatise la maladie d'Alzheimer

Certaines scènes "désamorcent" le drame, par exemple celle où les 3 sœurs découvrent que leur mère (qui se goinfre de sardines) a fait un chèque de 30.000 euros à Jean-Luc Mélenchon. Tout est inspiré d'histoires vraies (la grand-mère de la réalisatrice Anne Giafferi avait, elle, adressé une énorme somme à Jacques Chirac), et tout est imprégné d'une humanité "garantie grand teint". Oui, soyez devant France 2 ce soir. Cette Vie à l'envers a de quoi nous "remettre tous à l'endroit" pour mieux aller de l'avant.