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Isabelle Morini-Bosc : "Claude Rich est l'un des êtres les plus exquis que j'ai jamais interviewés"

ÉDITO - Isabelle Morini-Bosc revient sur le décès du comédien Claude Rich, le 20 juillet à 88 ans, et le choix des chaînes de télévision de ne pas diffuser de film en hommage à cet acteur.

L'acteur Claude Rich en 2011
L'acteur Claude Rich en 2011
Crédit : BENAROCH/SIPA
Isabelle Morini-Bosc

Les pensées profondes des professionnels du cinéma me passent généralement autant au-dessus de la tête que les stratus et les cumulonimbus. Bien que folle de l'histoire du septième art, je déteste notamment le mépris mal dissimulé du milieu pour ce qu'il appelle avec commisération "la télé". C'est à ses yeux une sorte de Moloch dont il tolère juste l'existence comme bailleur de fonds. Et c'est évident que sans l'argent de la télévision, aucun film ambitieux ne pourrait se monter. 

Inutile aussi de parler ici du mépris plus ou moins inconscient de ce même milieu envers les comédiens dits de télévision, trop populaires sur le petit écran pour intéresser le grand. Ils en savent quelque chose, les Cauchy, Yerlès, Guillo, Jouannet, ... 

Je n'en suis que plus à l'aise pour soutenir ardemment Gilles Jacob. Le président d'honneur du festival de Cannes vient en effet de lancer une pétition visant à dénoncer l'absence d'hommage de nos chaines envers cet immense jeune acteur de 88 ans qu'était, qu'est Claude Rich, hélas disparu le 20 juillet. Il a fallu ce coup de gueule pour que, enfin, le groupe France Télévision se décide à honorer ce gentleman qui a tant fait pour lui. 

De nombreux films avec Claude Rich pour la télévision

Seule, Paris Première avait dès lundi décidé de programmer jeudi prochain à 22h35 le documentaire Claude Rich j'aime tellement ça, la vie. Gilles Jacob exige, lui, la rediffusion de l'un des 80 films qu'il a tournés. Bien sûr. Mais pourrait aussi être choisie l'une des brillantes fictions que Claude Rich a fait pour France 2 et France 3, par exemple Voltaire et l'affaire Callas, voire le prodigieux Galilée ou l'amour de Dieu

Qu'attendent effectivement Arte et les autres ? Elles veulent plus estival ? Plus cinéma ? Cela existe aussi : le service public devrait ainsi se souvenir qu'il a en magasin Bouquet final, une charmante fiction de Josée Dayan proposée en 2011 sur France 3. 

Avec, donc, Claude Rich en délicieux septuagénaire fantasque qui, avec ses amis Jean-Pierre (Jean-Pierre Marielle) et Marie (Jeanne Moreau) veut se servir d'Internet pour sauver la maison où ils vivent tous les trois. L'histoire est signée Nicolas Bedos, également présent dans cette distribution où on trouve encore Jean-Luc Bideau, Julie Depardieu, Jacques Spiesser, Christopher Thompson, Agathe Natanson. 

Un acteur de cinéma, de théâtre, mais aussi de télévision

Et si cette fiction grand public n'intéresse pas France Télévision, il n'y a effectivement rien à dire et tout à redire. Il aurait pourtant sans doute été content de cette rediffusion, Claude Rich, l'un des êtres les plus exquis et les plus drôles que j'ai jamais interviewés. Quelle chance de pouvoir faire de l'humour avec un tel homme. Il était d'ailleurs lui-même mi-agacé mi-amusé par cette phrase de Godard affirmant "on lève les yeux pour regarder un film au cinéma, on les baisse pour regarder une émission à la télé". "Ce n'est de toute façon plus vrai avec les écrans plats", ponctuait-il.

Ça l'amusait également de constater que, "aux yeux des "gens du cinéma", il n'avait longtemps été qu'un théâtreux : "De toutes façons, ajoutait-il en rigolant, j'ai beau avoir joué 50 pièces, 80 films, 20 téléfilms et quelques pubs, avoir eu un César pour Le Souper et un autre à l'usure pour l'ensemble de ma carrière, je resterai seulement connu des générations futures, et encore, pour un seul film pourtant assassiné par les critiques à sa sortie, Les Tontons flingueurs de mon ami Lautner".

On veut le revoir jouer, à la télévision

Isabelle Morini-Bosc

Il y était effectivement le jeune intellectuel snobinard qui les "brise-menu" à Lino Ventura en 1963. Deux ans avant d'être le jeune coq d'Oscar auprès d'un de Funès "pas tendre" envers lui. Oui, je l'ai aimé et je l'aime, Claude Rich, avec cet esprit qui décoiffe et cet œil qui frise. Il était tellement doué pour l'humour et l'amour : l'amour de la vie, des siens, de tous. Et si modeste quand il déclarait, rêveur : "On n'a jamais monté de films sur mon seul nom, mais je crois n'en avoir déshonoré aucun". 

Il s'est même fait remarquer dans tous : Paris brûle-t-il, La Race des seigneurs, Stavisky, Le crabe-tambour, La Guerre des polices. Même dans une pub pour voiture, je l'ai adoré. Lui, il s'intéressait avant tout à Dieu et à sa famille : "Quand je serai face à lui, m'avait-il glissé dans un entretien, je lui dirai : 'Pour toi, Dieu, j'ai fait le mort mais face à toi, je n'ai plus besoin de jouer.'" Nous, on veut le revoir jouer, à la télévision. Enfin, si les chaines le veulent bien.

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