C'est une grande première : ce lundi 14 avril, une fusée Blue Origin va décoller avec un équipage 100 % féminin. Aux côtés de deux scientifiques, quatre célébrités vont se rendre dans l'espace : la chanteuse Katy Perry, la femme de Jeff Bezos Lauren Sánchez, la productrice Kerianne Flynn et la journaliste Gayle King.
Comme elles, de nombreuses femmes se sont déjà rendues dans l'espace. Mais aucune n'a connu un destin semblable à celui de Valentina Terechkova, une jeune cosmonaute russe devenue une idole nationale.
Et si son nom est resté dans l'histoire de la conquête spatiale, c'est parce qu'elle a été, en 1963, la première femme à faire un vol spatial, deux ans après le mythique Youri Gagarine, mais avant tous les astronautes états-uniens. À cette époque, les autorités soviétiques décident de choisir une femme pour réaliser ce vol pour deux raisons : mettre en avant l'égalité homme-femme prônée par le socialisme et faire une pique à la NASA, en pleine guerre froide.
Le nom de Valentina Terechkova ressort alors car elle remplit tous les critères obligatoires pour être sélectionnée : avoir moins de 30 ans, pratiquer le parachutisme et faire moins d'1m70 et 70 kg pour réussir à rentrer dans l'habitacle du vaisseau spatial.
Mais avant de s'envoler, elle doit écarter les quelque 400 autres candidates qui ont postulé pour ce voyage. Un détail va faire qu'elle est choisie par Nikita Khrouchtchev.
Dans une URSS où la propagande tourne à plein régime, elle a un storytelling idéal : papa mort pour la patrie pendant la Seconde Guerre mondiale, maman prolétaire qui travaille dans une usine textile et la bonne idée, à 22 ans, d’avoir adhéré aux jeunesses communistes.
C’est ainsi que "la Mouette", son nom de code, s’envole pour les étoiles le 16 juin 1963 à bord du vaisseau Vostok 6. Ce sera la première et, à ce jour, dernière fois qu’une femme effectue un vol spatial en solitaire. Un vol agité puisqu’une erreur de programmation de sa capsule l’éloigne peu à peu de la Terre au lieu de l’en rapprocher. Sans compter qu’elle a le mal de l’espace, avec des effets qui peuvent se rapprocher de ceux du mal de mer, mais en pire.
Finalement, elle achève sa mission avec succès trois jours plus tard. Ce sera la seule.
Avec son exploit, Valentina Terechkova devient une véritable idole nationale, qui reçoit toutes les plus hautes distinctions du régime soviétique. Et que l’URSS fait voyager dans le monde entier.
Pour continuer le conte de fées, elle est encouragée à se marier avec un autre cosmonaute lors d’une cérémonie où sont invités les journalistes du monde entier. Une première en URSS.
Lorsque Youri Gagarine meurt accidentellement en 1968, les autorités ne veulent pas prendre le risque de perdre l’autre symbole de la puissance spatiale russe. On interdit donc à Valentina Terechkova de piloter et même de faire du parachute.
Docile, elle se reconvertit alors dans la politique. Aujourd’hui âgée de 88 ans, elle siège à la Douma, l’Assemblée russe. Clairement pro-Poutine, elle a notamment œuvré pour la modification de la constitution qui lui permet désormais de rester à la tête du Kremlin jusqu’en 2036. Pas étonnant pour une ex-cosmonaute de voter pour une décision lunaire.
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