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Pablo Picasso : pourquoi le peintre n'est-il jamais devenu Français ?
PODCAST - Dans une minute, vous saurez pourquoi Pablo Picasso n'est jamais devenu Français alors qu'il a vécu une grande partie de sa vie en France.
À l'occasion des 50 ans de la mort de Pablo Picasso, une exposition intitulée Le Paris de la modernité a lieu, en ce moment, au Petit Palais. Le peintre espagnol a vécu de 1901 à 1973, date de son décès à Mougins (Alpes-Maritimes), sur le sol français. Au bout d'un moment, Pablo Picasso a voulu devenir français. Le 3 avril 1940, il a d'ailleurs fait une demande officielle de naturalisation. Un choix dicté par la peur.
En 1937, le célèbre artiste a peint Guernica, une œuvre devenue un symbole des atrocités de la guerre. La peinture a été présentée à l'Exposition universelle de Paris. Lors de la présentation, Picasso a eu un échange avec l'ambassadeur d'Hitler dans la capitale. Ce dernier a demandé à l'artiste si c'est bien lui qui avait peint cette œuvre. "Non, c'est vous", a alors répondu le peintre, sur un ton glacial.
Autant dire que Pablo Picasso se savait, dès lors, dans le viseur nazi. Dans l'idée, le peintre voulait se protéger avec cette demande de naturalisation. Et puis, il craignait d'être expulsé en Espagne, lui qui était un opposant déclaré à Franco.
Pablo Picasso a été soulagé d'apprendre que sa demande de naturalisation avait reçu un avis favorable. Mais sa joie a été de courte de durée. Trois semaines plus tard, la requête de Picasso a été refusée. La faute à un homme...
Pourquoi ce refus ?
Un petit fonctionnaire des Renseignements généraux du nom d'Émile Chevalier a été à l'origine de ce revirement de situation. Ce dernier a sorti le dossier du peintre, une sorte de "fiches S" avant l'heure. Il faut dire que Picasso était surveillé depuis son arrivée sur le territoire français.
Lors de son passage dans l'Hexagone, il a emménagé à Montmartre chez Pierre Manach, un marchant d'art anarchiste. Il a aussi fréquenté des prostituées. En 1911, il a aussi été interrogé dans une affaire de vol de statuettes au musée du Louvre et dans laquelle il a finalement été innocenté.
Chevalier, jaloux de Picasso ?
Dans son rapport à charge, Chevalier a expliqué que Picasso était un anarchiste qui évoluait vers le communiste. Le fonctionnaire a aussi reproché au peintre de n'avoir rendu aucun service à notre pays durant la guerre alors qu'il était âgé de 30 ans en 1914 et que l'artiste avait placé tout son argent à l'étranger. En clair, selon lui, Picasso devait être considéré comme suspect au point de vue national et qu'il ne pouvait donc pas obtenir cette naturalisation.
Émile Chevalier était aussi peintre, sous le nom de Chevalier Milo. Mais ce dernier, qui trouvait son inspiration dans un style impressionniste, avait évidemment beaucoup moins de succès que le génie espagnol. Bref, par pure jalousie, il s'est payé Picasso. À la fin de la guerre, le célèbre peintre aurait pu faire une nouvelle demande. Mais vexé, il ne l'a jamais fait et est donc mort... Espagnol.
