Nicolas Sarkozy : pourquoi le bracelet électronique doit son invention à Spider-Man ?

C'est une décision qui fera date. Ce mercredi 18 septembre, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Nicolas Sarkozy dans l'affaire des écoutes, rendant ainsi définitive sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d'influence, une sanction inédite pour un ancien chef de l'État. 

Si, aujourd'hui, Nicolas Sarkozy peut effectuer sa peine sous bracelet électronique, c'est en partie grâce à Spider-Man. Retour en 1983. Cette année-là, Jack Love, juge au Nouveau-Mexique, fait face à un problème de surpopulation dans le pénitencier de son comté. Il a alors quelques réticences à incarcérer des personnes ayant commis des infractions mineures. Il réfléchit donc à un moyen de surveiller les prisonniers sans avoir à les mettre derrière les barreaux.

Cette solution, c'est en lisant une bande dessinée de Spider-Man, parue en 1977, qu'il la trouve. Dans cette aventure de l'Homme-Araignée, le Caïd réussit à le capturer et à lui poser un bracelet électronique impossible à retirer. Ce bracelet lui permet, à tout moment, de localiser Spider-Man et de lui envoyer une décharge électrique à distance. 

Une première ébauche dans les années 1960

Jack Love vient de trouver son idée. C'est un bracelet électronique qu'il lui faut pour surveiller les prisonniers dans la nature et les obliger à respecter les déplacements autorisés par le tribunal. 

Problème : le juge n'est ni informaticien, ni bricoleur. Mais il finit par rencontrer Michael Goss, un ingénieur, qui planche sur son idée. Il découvre alors qu'une expérience sur ce type de bracelet avait été développée dans les années 1960 à Harvard. Mais, faute de financement et d'une technologie encore trop limitée, le projet avait été enterré. 

25 ans plus tard, Michael Goss s'en inspire donc pour fabriquer un petite boitier qui s'attache autour de la cheville. Un tracker émet, toutes les minutes, un signal envoyé à un ordinateur, qui détecte aussi si le porteur tente de l'enlever. L'ingénieur surnomme son invention les menottes électroniques. 

Une condamnation écologique

Le premier à en bénéficier est le juge Jack Love lui-même. Car c'est lui qui teste le produit, trois semaines durant. Convaincu, il condamne trois personnes à le porter pendant 30 jours. Ces derniers ont l'obligation de rester chez eux la nuit et les week-ends. Et c'est un succès. Ils respectent à la lettre les injonctions du juge. Ce qui n'empêchera pas, cependant, deux d'entre eux de récidiver. 

Mais le bracelet électronique va séduire le reste des États-Unis, pour d'autres raisons que celles purement judiciaires : il coûte six fois moins cher à l'administration américaine que d'envoyer un condamné en prison. 

Mieux : c'est même devenu un business. Dans l'État de Washington, où le coût de l'utilisation d'un bracelet électronique est de 5 dollars, on oblige celui qui le porte à une amende de 140 dollars par semaine. Soit un bénéfice de 300%. 

Aujourd'hui, quelque 150.000 Américains portent un bracelet électronique. En France, 15.591 personnes en portaient un au 1er novembre 2024, selon les chiffres de la Chancellerie. Désormais, Nicolas Sarkozy en fait partie.