Netflix se trompe rarement concernant les projets qu'il décide de développer : des séries telles que House of Cards ou Orange is The New Black, instantanément adoptées par le public et la critique sont là pour en témoigner. Stranger Things, nouvelle création originale de la plateforme, ne fait pas exception. Le drame fantastique doit son succès à plusieurs facteurs : une réalisation impeccable, un suspense haletant, une galerie de personnages attachants... et Winona Ryder.
Celle qui a été l'une des favorites d'Hollywood dans les années 90 a vu sa carrière chuter à cause d'une série de mauvais choix et de démêlés judiciaires, qui l'ont faite passer de comédienne "bankable" à rejetée des plateaux. À 44 ans, celle que le cinéma a boudée semble avoir retrouvé ses lettres de noblesse grâce au dernier bébé de Netflix, et au rôle de mère désemparée qu'elle y tient. Retour sur une histoire de rédemption comme l'Amérique les adore.
L'actrice se fait remarquer pour la première fois en 1988, à l'âge de 17 ans, lorsque Tim Burton la caste dans la comédie délirante Beetlejuice. C'est grâce à ce rôle d'adolescente perturbée aux prises avec un fantôme déjanté que le grand public découvre la jeune actrice. Traits fins, peau laiteuse, chevelure de jais et regard profond : un croisement entre Barbie et Mercredi Addams qui charme, et que le réalisateur prend sous son aile.
L'année suivante sort le teen-movie Fatal Games (Heathers en VO). Elle partage alors l'affiche avec Christian Slater et Shannen Doherty de ce film pour adolescents, assez particulier. Ici, il n'est pas (que) question de blagues salaces, ni de dépucelages alcoolisés et autres bals de promo : la comédienne y campe une serial-killeuse impitoyable qui cherche à éliminer la bande de filles la plus populaire de son lycée. Un rôle comique et noir qui donnera le ton de sa filmographie. Le personnage empathique qu'elle campe en 1990 dans le poétique Edward aux mains d'argent, sa deuxième collaboration avec Tim Burton, finit d'asseoir son statut d'enfant chérie (et bizarre) du cinéma US.
La décennie qui suit la voit constamment dans des rôles conséquents et torturés, souvent dirigés par les plus grands cinéastes (Dracula de Francis Ford Coppola en 1992, Le Temps de l'innocence de Martin Scorsese en 1993, Celebrity de Woody Allen en 1998 ou encore Dans la peau de John Malkovich, de Spike Jonze en 1999).
Tendre et froide, belle et inquiétante, lisse et extravagante à la fois : Winona Ryder, qui compte deux nominations aux Oscars et un Golden Globe à son actif, est en bonne voie pour devenir le pendant féminin de Johnny Depp (dont elle a partagé la vie entre 1990 et 1993) avant que tout ne vole en éclat.