"The Wheel of Time" : avec sa saison 3, la série de fantasy d'Amazon entre dans la cour des grandes

Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre une série qui s'améliore avec le temps. C'est pourtant la direction que prend la série de fantasy The Wheel of Time (La Roue du Temps) diffusée sur Prime Video, la plateforme de streaming d'Amazon. 

Ce 13 mars 2025, les trois premiers épisodes de la saison 3 de la série portée par l'actrice Rosamund Pike ont été diffusés. L'occasion de se rendre compte de l'immense travail de l'équipe de la série pour tracer sa propre voie, mettre en image un univers riche et trouver le difficile point d'équilibre entre les besoins des téléspectateurs et envies des fans de l'œuvre originale, une saga fleuve de 15 tomes. 

Lors des deux premières saisons, la série pilotée par Rafe Judkins, c'est un univers nouveau qui se présentait au public. Un monde redouté pour sa richesse, ses centaines de personnages, ses concepts parfois difficile à porter à l'image... La saison 1 avait l'avantage considérable d'être simple et de reprendre peu ou prou la trame narrative déjà-vue d'un roman de fantasy : l'histoire d'un jeune orphelin appelé à sortir de sa tranquille campagne pour se lancer dans une quête face aux forces du Mal. 

Amoureux de J.R.R. Tolkien, Robert Jordan, l'écrivain derrière La Roue du Temps, avait conçu son introduction comme un hommage au début du Seigneur des Anneaux. Les téléspectateurs étaient en terrain familier.

Un succès critique

À écouter aussi

Laissez-vous tenter

UN POINT C'EST TOUT - Les Français votent de moins en moins, mais n'ont jamais eu autant d'appétit pour les séries sur la politique

19/03/2024 à 06:50 - 02m09s

La série bénéficiait déjà de beaux décors, d'effets spéciaux léchés et d'un grand nom pour accompagner un casting de nouveaux visages : Rosamund Pike (Meurs un autre jour, Gone Girl, Orgueil et Préjugé) devenue brune pour endosser le rôle de la Gandalf locale, la magicienne en charge de guider l'élu. Pour les fans des livres, la série jouait sur une forme de suspense assez habile en adaptant les livres mais en réservant quelques surprises et pas de côté. 

Une liberté offerte par la notion centrale des livres qui veut que cette histoire et ses héros se réincarnent sans cesse avec les mouvements de la fameuse Roue du Temps, incarnation du destin... La série d'Amazon ne serait donc qu'un énième tour de la Roue. Les showrunners pouvaient se débarrasser d'une forme d'orthodoxie sans risque de mettre en colère les fans les plus zélés. Résultat : une aventure réussie, une présentation convaincante des héros et des enjeux... Rotten Tomatoes, l'agrégateur de critiques américain, a attribué la note de 81% de satisfaction, faisant de la série un succès critique pour un public encore restreint. 

Pour la deuxième saison, le score est monté à 86%. Débarrassé du parallèle avec l'œuvre de Tolkien, The Wheel of Time a pu commencer sa mue et devenir une série singulière : plus diverse et moderne que la Terre du Milieu, plus magique que Game of Thrones, plus belle, cohérente et fine que The Witcher.

Toujours plus de magie et de finesse

 La deuxième saison brille tout particulièrement lors d'un épisode où l'une des héroïnes est enfermée et réduite en esclavage. Son désarroi et sa quête de vengeance ont servi de moteurs narratifs très forts. Les personnages ont gagné en épaisseur. Les clichés du genre s'éloignent. Et ce monde qui place les femmes au cœur du pouvoir politique (et magique), tant du côté des bons que des méchants, est devenu plus crédible et fascinant à observer. Les effets spéciaux ont été entièrement repensés pour colorer, par exemple, les différents sortilèges utilisés par les personnages. Les costumes, eux, sont parmi les plus beaux jamais vus à la télévision.

Vient alors, en ce mois de mars (et jusqu'à avril 2025), la saison 3. À l'heure où nous écrivons ces lignes, Rotten Tomatoes, attribue la note de 89% de satisfaction, 97% même pour les critiques non-professionnelles. Pour reprendre un poncif, terriblement vrai en l'espèce, cette troisième saison est la saison de la maturité. 

RTL a pu découvrir les premiers épisodes de la série avec un peu d'avance et nous devons bien constater que la série n'a jamais été aussi agréable à suivre. On en veut toujours plus à la fin de chaque épisode. L'épisode 1 a réussi ainsi un tour de force en misant plus que jamais sur une introduction explosive. De la magie comme seules quelques séquences des films Harry Potter sont capables. 

Des intrigues politiques. Des gentils et des méchants n'hésitant pas à s'unir et à amplifier les tensions morales. Du sang, des morts, des trahisons, de la torture... L'épisode multiplie les règlements de compte sans perdre de temps. Si de nouveaux personnages et de nouvelles notions sont apportées, c'est sans la lourdeur des saisons précédentes. Les téléspectateurs sont considérés comme des connaisseurs désormais et les scénaristes peuvent s'amuser avec plus de références, de finesse et d'efficacité que jamais. 

Des stars et des décors naturels

Lors de l'épisode 2, et nous n'allons pas ici trop en dévoiler, la série continue de monter en puissance en offrant une séquence introductive digne de Game of Thrones. De la politique oui, mais de la politique impitoyable. C'est par l'introduction de deux personnages qui les téléspectateurs apprendront à détester avec passion, Morgase Trakand, la reine et mère d'Elayne et sa conseillère implacable, l'Aes Sedai Elaida, que la montée en puissance se poursuit. D'abord sur le plan scénaristique puisque les deux femmes sont destinées à de grandes choses, mais aussi du point de vue de l'interprétation. 


En effet, The Wheel of Time bénéficie de deux actrices de premier plan pour les incarner : Olivia Williams (Sixième Sens, The Ghost Writer, The Crown ou encore Dune: Prophecy) et Shohreh Aghdashloo (24 heures chrono, X-Men, The Expanse ou Arcane où elle prête sa voix grave reconnaissable entre mille).  L'histoire de l'arrivée de cette dernière sur la série - recrutement entièrement orchestré par les fans sur les réseaux sociaux qui ont supplié l'actrice et les producteurs de faire d'elle la future Elaida - est assez amusante et rare pour être soulignée. 

Contrairement aux saisons précédentes, la série a pris le parti de multiplier plus encore les tournages en décors naturels. Rien de mieux pour rendre la série qualitative visuellement pour les années à venir. La méthode, coûteuse, est aussi particulièrement efficace pour donner à la série un aspect épique. Peter Jackson a prouvé l'efficacité de la méthode dans son adaptation des histoires de la Terre du Milieu, il y a plus de 20 ans maintenant... 

Le troisième épisode est un simple marche-pied pour le quatrième. Il est plus bavard que les autres, prend le temps de présenter des lieux et des visages tout en saupoudrant toujours ici et là des scènes d'action particulièrement satisfaisante. Il permet surtout de construire de nouvelles relations, de nouvelles rivalités et de multiplier les conflits parmi tous les personnages. 

Et sans doute là est le sel de toute bonne histoire : les conflits entre les personnages s'entremêlant les uns aux autres. C'est là que The Wheel of Time parvient à briller tout particulièrement. Et c'est sans conteste pour cela qu'elle compte parmi les séries de fantasy (et les séries tout court) les plus incontournables de ces dernières années. Sauf à être allergique à la magie et aux femmes fortes.