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"Soul" (Disney+) : ce Pixar très métaphysique est-il fait pour les enfants ?

NOUS L'AVONS VU - La crise existentielle de ce New-Yorkais quadra fan de jazz a-t-elle les moyens de conquérir les cœurs du grand public ?

Aymeric Parthonnaud
Aymeric Parthonnaud

Avec Soul, Pixar fait un pari audacieux : ne pas s'intéresser aux enfants, d'abord. Le dernier-né du studio d'animation ayant enfanté Le Monde de Némo, la saga Toy Story ou encore Coco traite, cette fois, de la crise existentielle d'un quadra amateur de jazz. Beaucoup de parents, à la lecture du synopsis de ce film d'animation, pourraient hésiter à appuyer sur le bouton "Play" depuis la plateforme Disney+ où le film est finalement diffusé.

Il faut dire que le pitch est particulièrement aride et Soul semble définitivement pensé pour satisfaire les plus philosophes des adultes. Le héros de ce long-métrage est donc Joe Gardner (doublé en français par notre très hollywoodien Omar Sy), un professeur de musique à New-York. Avec son embonpoint, son célibat et sa carrière stagnante, cet enseignant de collège a été créé pour inspirer la pitié aux spectateurs. Il rêve, non plus de gloire, mais de simplement briller un soir dans une boîte de jazz où il pourra montrer à un public, même modeste, l'étendue de son talent sur un piano.

Le grand soir semble enfin se profiler quand, à la veille de sa performance avec une star du saxophone, notre bon Joe Gardner, homme aux accomplissements médiocres, meurt. C'est là que le film commence lorsque, devenue une simple âme, Joe Gardner va se battre contre l'administration de l'Au-Delà pour retrouver son corps et vivre enfin son grand moment. Le mélange du jazz (musique réputée inaccessible pour le commun des mortels), de la vie new-yorkaise, des tribulations d'un adulte avec ses problèmes d'adulte et d'allégories métaphysiques ne font pas de Soul le film idéal pour les plus jeunes, soyons-là très clair.

Pas d'enfant pour vous tenir la main

Pixar a pour habitude de porter sur grand écran des histoires qui plaisent aux enfants et où les parents trouvent aussi de quoi se repaître. Toy Story place les enfants au second rôle mais leurs jouets au premier, Le Monde de Nemo joue sur la quête d'un père pour retrouver son fils, Rebelle, Là-haut, Vice-Versa ou encore Coco ont de jeunes protagonistes pour guider les plus jeunes spectateurs.

Soul fait l'impasse sur la question de l'enfance et les préoccupations des plus jeunes. Le personnage de Numéro 22, une âme naissante qui refuse d'aller sur Terre pour vivre dans un vrai corps (doublé par Tina Fey en VO et Camille Cottin en VF) apporte une dose d'humour et d'irrévérence qui plaira aux adultes mais qui pourrait bien ne pas toucher les moins de 10 ans. 

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Les plus jeunes seront certainement ennuyés par le premier et le dernier tiers de l'aventure de Joe et 22 mais le cœur de l'histoire durant laquelle nos deux héros échangent leurs corps (22 dans le corps de Joe et Joe dans celui d'un chat de thérapie d'un hôpital) dans une sorte de Freaky Friday d'un nouveau genre plaira sans doute. Les chutes à répétitions, l'attitude du chat et la multiplication des quiproquos seront de nature à plaire à absolument tout le monde. 

Beauté, émotion et justesse

Pour le reste, Soul fait un très bon usage du jazz et de la musique en général mais rassurez-vous, personne n'entrera dans les détails des codes de ce genre. Les profanes pourront facilement se faire bercer par l'excellente bande-son du film et miser sur leurs émotions d'abord. Soul parle avant tout de passions et de la raison que nous avons tous de vivre. Nul besoin d'adorer La La Land, Django ou Whiplash pour y trouver votre compte. 

Les plus grands auront droit à une jolie leçon de philosophie (et de psychanalyse) sur le thème éternel du : "Pourquoi sommes-nous sur cette Terre ?" Pixar s'offre aussi sa première plongée dans la culture afro-américaine avec ses codes esthétiques et son humour. Une rareté dans le monde de l'animation. Les scènes dans la boutique de la mère de Joe, couturière et femme d'affaire de poigne ou dans le barber-shop du héros sont probablement les plus drôles, les plus émouvants et les plus justes du film. Les amoureux de New-York retrouveront aussi l'ambiance très chaleureuse de la ville, loin des gratte-ciel et de Central Park et les technophiles pourront baver sur l'animation, les textures et le sens du détail légendaire du studio Pixar qui s'est une fois de plus dépassé.

La mise en scène de l'au-delà et certaines très bonnes idées purement esthétiques font regretter de ne pouvoir regarder Soul que sur un modeste écran de télévision. Le grand escalator de la Mort, le bateau "Peace & Love" ou les scènes musicales auraient certainement donné autre chose sur très grand écran... 

Soul reste malgré tout un film très réussi et émouvant, au message universel. Paradoxalement, il ne parlera pas à tous les publics, en particulier les plus jeunes ou à celles et ceux allergiques aux thématiques abstraites - snob diront certains - de ce long-métrage. S'il ne vous reste qu'un film à voir pour dire adieu à cette année 2020 maudite, alors choisissez Soul. Mais si vous le regardez avec vos enfants, préparez-vous à devoir répondre à une longue liste de questions métaphysiques.

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