François Ozon : "Avec 'Grâce à Dieu', je ne juge pas, je raconte des faits"
Le nouveau film du réalisateur de "8 femmes" relate l'histoire de trois hommes affirmant avoir été victimes d'actes pédophiles de la part du prêtre lyonnais, Bernard Preynat. Ce dernier a été mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs mais n'a pas encore été jugé.

La décision est tombée lundi 18 févier 2019 : le film de François Ozon, Grâce à Dieu, sortira bien en salles le mercredi 20 février 2019. Son histoire reprend celle de trois hommes disant avoir subi des abus sexuels de la part du prêtre lyonnais, Bernard Preynat, pendant leur enfance. Adultes, ils ont créé l'association "La parole libérée" pour permettre à d'autres victimes présumées de parler.
La défense du prêtre mis en cause, mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs, avait demandé le report de la sortie du film. Au matin de la décision du tribunal, François Ozon, se disait "zen" au micro de RTL : "On est dans une histoire absolument kafkaïenne, j'ai confiance en la justice française et je pense que ce film est d'utilité publique."
Pour le réalisateur, le camp adverse est dans le déni : "Avant ce film, l'avocat de Bernard Preynat n'a jamais attaqué personne, pourtant des livres ont déjà été écrits sur le sujet. Je ne juge pas dans ce film, je raconte des faits"
Melvil Poupaud, Denis Menochet, Swann Arlaud mais aussi Éric Caravaca ou le formidable Bernard Verley qui joue le rôle si difficile du prêtre pédophile sont tous incroyables. Le film est aussi intense qu'un thriller, aussi émouvant qu'un drame, réalisé sobrement mais avec un sens du cadre, de la lumière et du montage impressionnant. La marque de toujours de François Ozon. "J'ai souvent fait des films intemporels et là, je voulais faire un film sur la fragilité masculine", détaille le réalisateur.
Avec Grâce à Dieu, c'est la première fois que le cinéaste confronte son inspiration à un cas concret qui relève de l'actualité : "Tout avait déjà été raconté, tout sauf leur intimité, je n'ai pas eu besoin d'inventer quoi que ce soit", explique-t-il avant d'ajouter : "Je n'ai pas voulu faire un film à charge. C'est un film citoyen", explique François Ozon.