Le tempétueux Luchini n'est pas un habitué de la Croisette. L'acteur n'avait pas mis les pieds à Cannes depuis vingt-quatre ans, alors son arrivée marque la journée de compétition du 13 mai. Il vient présenter Ma Loute, son dernier film, réalisé par Bruno Dumont. Fabrice Luchini y partage l'affiche avec Juliette Binoche.
Ma Loute raconte l'histoire d'une famille de bourgeois du Nord un brin dégénérés. On y retrouve un Fabrice Luchini "hallucinant" - pour le paraphraser. Il incarne un industriel fin de race, gnome décadent, décati, méconnaissable physiquement, entre Bourvil et Michel Simon. "Je n'ai jamais été attiré par la métamorphose, par le transformisme. Avec Dumont, on est obligé de rentrer dans un comique qui n'a rien à voir avec le comique habituel. J'ai suivi ce qu'il m'a demandé, c'est lui le patron", explique Fabrice Luchini.
Ma Loute est une critique acerbe, poétique et politique des rapports sociaux du début du XXe siècle, où les riches mangent dans de la porcelaine avant de servir de plat de résistance à des prolétaires cannibales. Certains n'y verront que gesticulations et maniérisme, mais le film démontre au contraire la performance d'un comédien toujours curieux. "Moi je ne sais pas tout faire, loin de là. Ce que je sais faire est très limité, mais depuis que je sais que je sais faire très peu de chose, je suis vachement plus heureux. Heureux, c'est excessif... Enfin... Je suis content", poursuit l'acteur, toujours aussi lunaire.
Si Fabrice Luchini remplit les théâtres et les cinémas depuis des années, il vide depuis peu les rayonnages des librairies avec ses souvenirs. Ma Loute sort à Cannes et sur les écrans français ce vendredi. C'est la sensation de ce début de festival.
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