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"C'est de la malbouffe mentale" : le coup de gueule de Jenna Ortega contre l’IA

Au Festival international du film de Marrakech, l'actrice américaine, notamment connue pour son rôle dans la série "Mercredi" sur Netflix, et plusieurs membres du jury ont lancé, à l'unanimité, un cri d'alerte contre l’intelligence artificielle.

L'actrice Jenna Ortega au Met Gala 2025

Crédit : ANGELA WEISS / AFP

Yasmine Boutaba

Présente au Festival international du film de Marrakech comme membre du jury, Jenna Ortega ne cache sa pas colère. La célèbre actrice américaine, notamment connue pour son rôle dans la série Mercredi sur Netflix, voit dans l’essor de l’IA "une source de malaise inexplicable". La star estime également que "la boîte de Pandore" a été "ouverte". Malgré ses prouesses techniques, aucune machine ne pourra jamais imiter "la beauté de l’erreur, la difficulté, l’âme humaine", a-t-elle exprimé selon Le Figaro.

La comédienne de 23 ans ne s'est pas arrêtée là. Elle a imaginé un futur où l’intelligence artificielle deviendrait une "malbouffe mentale" avec des contenus que l’on regarde machinalement. Selon Jenna Ortega, ils finissent par "écœurer" voire à obliger le public à réapprendre ce qu’il apprécie vraiment dans l’art.

"Un ordinateur ne peut pas vivre des moments magnifiques ou des épreuves. Un ordinateur n’a pas d’âme", a-t-elle martelé.

"On emmerde l’IA" lance la réalisatrice du film "Materialists"

L'actrice de Jane the Virgin n'a pas été la seule à s'être insurgée. La réalisatrice canadienne Celine Song des films romantiques Materialists ou Past Lives a a également fait une sortie remarquée en conférence de presse. "Pour reprendre les mots de Guillermo del Toro… on emmerde l’IA", a-t-elle lâché.

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La cinéaste a dénoncé "une technologie qui détruit la planète et colonise nos esprits" et bouleverse notre manière d’accueillir images et sons. Citant la série Severance d’Apple TV, elle a mis en garde contre une IA qui "prend le contrôle de ce qui fait la beauté de la vie". À ses yeux, aucune machine ne pourra remplacer le regard d’un directeur de la photographie, façonné par "son parcours, ses réussites et ses échecs". Avant de conclure par le fait que défendre l’art revenait à "défendre l’humanité", rapporte Le Figaro.

Bong Joon-ho, réalisateur du thriller Parasite sorti en 2019 et président de la cérémonie, a lui aussi partagé la crainte de ses jurés. Il a prédit que l’essor de l’IA obligerait, enfin, les sociétés à se demander ce que seuls les humains peuvent créer. Sur un ton mi-grave, mi-provocateur, il a plaisanté en imaginant "former une escouade militaire pour détruire l’IA partout dans le monde". Pour lui, cette période d’incertitude constitue aussi une opportunité : elle pousse les artistes à "s’investir davantage" et à retrouver l’élan qui caractérise la création véritable.

Une technologie "colonialiste" : l’alerte d'un réalisateur marocain

Dans son intervention, le cinéaste marocain Hakim Belabbes, lui, a décrit l’IA comme une nouvelle forme de "blanchiment culturel". Il a rappelé qu’en arabe, lorsqu’il écrit de droite à gauche", l’IA était incapable de traduire la nuance, l’ambivalence ou l’imperfection de la langue.

Pour lui, la beauté de l’art naît précisément de ces zones de fragilité que les algorithmes ne peuvent reproduire. "L’IA ne développe pas la collaboration humaine, elle est avant tout un outil financier", a-t-il tranché, selon Le Figaro.

À Marrakech, un festival tourné vers l’humain et les découvertes

Cette 22ᵉ édition du Festival international du film de Marrakech se tiendra jusqu'au samedi 6 décembre prochain. Elle vise à promouvoir le cinéma marocain et mondial. L'événement met en compétition quatorze premiers ou seconds longs-métrages venus des quatre coins du monde. 

Durant la cérémonie Bong Joon-ho a rappelé que les jurés sont venus "faire des découvertes" et se confronter à de jeunes réalisateurs "audacieux et courageux". Plusieurs films de la sélection se sont déjà illustrés en festival dès le vendredi 28 novembre, comme My Father’s Shadow d’Akinola Davies Jr ou Promis le ciel d’Erige Sehiri. Le public découvrira entre autres Derrière les palmiers de Meryem Benm’Barek, où Sara Giraudeau incarne une expatriée française troublant la vie d’un jeune Marocain.

Dans cette effervescence, une certitude a émergé : si l'IA inspire de vives inquiétudes, à Marrakech, c’est bien l’art humain - imparfait, vibrant, vivant - que les artistes sont venus célébrer.

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