"Peau d'homme" d'Hubert et Zanzim est le Grand prix RTL de la bande dessinée 2020

Peau d'homme d'Hubert et Zanzim est  le Grand prix RTL de la bande dessinée 2020. Peau d’homme est une bande dessinée qui fera date. Parce que rares sont les albums qui résonnent aussi justement avec les questions d’actualité, comme le féminisme, le fanatisme religieux, ou la transformation des genres, qui est au cœur de Peau d’homme. Éditée en juin dernier à 15.000  exemplaires, Peau d’homme a dépassé aujourd’hui les 100.000 exemplaires. Un succès qui surprend agréablement son dessinateur Zanzim.

Hubert, le scénariste, décédé avant la publication de Peau d'homme, utilisait souvent le conte, le merveilleux, l’irrationnel pour entrer en douceur dans les débats périlleux. Il situe l’histoire de Peau d’homme dans l’Italie à la Renaissance. Bianca est une jeune châtelaine à qui son père vient de trouver un mari après une âpre négociation sur la dot. Le fiancé en question s'appelle Giovanni, et bien que Giovanni soit beau, Bianca n’est pas à l’aise. Elle voudrait quand même, si c’est possible, connaitre son futur époux avant le mariage

Et c’est alors qu’entre en jeu sa marraine – les marraines sont très importantes dans les contes, souvenez-vous de la marraine de Peau d’Âne. La marraine de Bianca lui révèle un secret de famille qui va tout arranger. Les femmes de cette vénérable famille italienne se sont transmises de génération en génération, une peau d'homme. C’est magique : il suffit de l'enfiler pour se transformer en homme, et avec tous les attributs qui vont avec. Ça serre un peu, ça fait ressortir les pectoraux, mais ça donne d’exquises sensations.

L’élégante Bianca, avec sa chevelure blonde et ses yeux bleus va devenir le beau Lorenzo aux yeux tout aussi bleus. Elle apprend à marcher comme un homme, à parler comme un homme. On est étourdi par ses métamorphoses troublantes. Et Zanzim l'a été, troublé, en dessinant Peau d’homme.

Bianca devenue Lorenzo séduit son futur mari

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Bianca, déguisée en homme ne séduit pas que les femmes, elle séduit aussi les hommes et surtout son futur mari Giovanni, qui se révèle donc plus porté vers les créatures du même genre que lui. On sent le grand plaisir que le scénariste Hubert a eu à faire tourner la tête du lecteur qui ne sait plus, à un moment, si Bianca est un beau garçon attiré par son Giovanni, ou si, devenu un garçon, elle en pince pour un Giovanni qui cache son jeu. On est finalement content quand les deux ambigus contradictoires font l’amour. Car il s’agit de ça, avant tout : l’amour, toujours l’amour.

Le dessin de Zanzim illustre le propos du scénario : c’est l’histoire d’une double libération. On passe aussi du mariage forcé à la force de l’amour, sans drame, sans pathos, chacun finissant par s’accepter, et accepter l’autre, ce qui revient au même. Ce conte posthume d'Hubert confirme peut-être que les chants désespérés sont les plus beaux. Peau d’homme est aussi une évocation très talentueuse d’un fantasme universel : le changement de sexe, qui, pour certains, pour certaines, n’est pas qu’un fantasme. Et c’est à l’unanimité que notre Jury l’a élu Grand prix RTL de la bande dessinée 2020.

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