Il y a 5 ans, Olivier Bourdeaut faisait une entrée fracassante en écriture avec En attendant Bojangles, un premier roman plein de poésie et d'originalité, lauréat du Grand Prix RTL-Lire, et devenu un best-seller international... Aujourd'hui, il publie Florida aux éditions Finitude.
Une fois n'est pas coutume, reprenons la formule qui présente Florida au dos du livre pour comprendre de quoi il retourne. "Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée." L'essentiel est dit, qui plus est dans le style cru et cruel de ce roman.
Nous sommes en Floride, Elizabeth a 7 ans, sa mère l'inscrit à des concours de mini-Miss. Le conte de fées vire au cauchemar pour la jolie gamine. À la folie poétique de la mère extravagante d'En attendant Bojangles, succède la folie maléfique de la mère abusive de Florida. Elizabeth se rebellera puis se vengera avec sa seule arme, son corps. Olivier Bourdeaut ose un contrepied radical et réussi avec ce livre à l'humour féroce qui nous interpelle sans ménagement sur le culte du corps, sa marchandisation et l'enfance volée.
"Il y a 7 ans, j'ai vu un documentaire sur les mini-Miss et j'ai été effaré par le comportement de certaines mères qui - et c'est là le paradoxe - ont le sentiment d'offrir le meilleur à leurs filles, confie l'écrivain au micro de RTL. Elles veulent vraiment ouvrir une porte sur un avenir glorieux et magnifique et, la plupart du temps, elles ouvrent une porte sur une malédiction incroyable. La malédiction d'Elizabeth c'est qu'elle gagne son premier concours. Là elle passe ses week-ends à se farder et quand on est jugé sur son physique et uniquement sur son physique, on n'a aucune marge de progression. Lorsqu'un père veut faire de son fils un champion de baskets, il peut l'entraîner 10, 15, 20 heures par semaine, là il n'y a rien", constate l'auteur.
Elizabeth se vengera donc de sa mère au risque de s'y perdre elle-même. "Elle cherche à gagner sa liberté tout au long du roman. Elle cherche à fuir la prison de son corps et donc à déformer ce corps mais, en fait, la vengeance est une nouvelle prison, décrit Olivier Bourdeaut. Elle s'échappe de chez elle pour fuir l'emprise de sa mère et elle se retrouve dans une nouvelle prison qui est la vengeance".
Elizabeth s'exprime dans une langue crue, sans filtre, elle est d'un humour très grinçant. C'est donc un style radicalement différent de la poésie pétillante d'En attendant Bojangles. "Je trouvais qu'Elizabeth, étant née en Floride dans les années 90 ne pouvait s'exprimer comme Françoise Sagan. On aurait trouvé ça ridicule donc j'ai changé radicalement d'écriture. c'est un carnet intime donc elle dit tout ce qu'elle a sur le cœur. Elle le crache", explique l'écrivain. Le père de l'héroïne est tout aussi coupable que la mère, "il flotte en arrière-plan avec un mélange de fierté et d'incompréhension. On sent qu'ils sont tout le temps falots. il ouvre les portes, il porte les valises, il lance un sourire poli... C'est assez terrifiant".
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