Les livres ont la parole : "Titus n'aimait pas Bérénice" de Nathalie Azoulai

Le prix Médicis 2015 récompense Titus n'aimait pas Bérénice, un roman de Nathalie Azoulai publié chez P.O.L. Un titre qui fait référence à Racine, puisque Bérénice est l'une de ses grandes tragédies, écrite en 1670. Bérénice, reine de Palestine, est quittée par Titus, empereur de Rome. Bérénice et Titus, ce sont également les prénoms des personnages de Nathalie Azoulai, deux amants d'aujourd'hui mais Titus, marié, choisit de rester avec son épouse et abandonne sa maîtresse, Bérénice.

Cette héroïne de départ qui a perdu un homme retrouve une sorte de compagnon en Racine

Nathalie Azoulai

Bérénice va trouver la consolation à son chagrin dans les alexandrins de Racine... aussi singulier que ça puisse paraître ! "Ce qui l'intéresse, c'est que c'est un homme qui a écrit tout ça, qui n'a rien à voir avec elle, son temps, son environnement et pourtant qui a su décrire ce chagrin d'amour vécu au féminin", confie Nathalie Azoulai. L'auteur résume avec une jolie formule la manière dont Racine saisit l'âme féminine : "l'endroit ou le masculin s'approche au plus près du féminin". "C'est ce regard d'un homme sur une femme abattue par la peine, qui est un regard d'une empathie folle, d'une compréhension absolue. Cette héroïne de départ qui a perdu un homme retrouve une sorte de compagnon en Racine", détaille la romancière.

Racine, une langue sublime

Titus n'aimait pas Bérénice n'est pas autobiographique. "C'est un roman que j'ai fabriqué à partir d'expériences diverses, à partir d'une fréquentation longue et lente de la littérature", explique Nathalie Azoulai, qui avoue tout de même : "Racine me console souvent, c'est une langue sublime qui vient se distinguer de toutes les autres langues. On a l'impression que c'est compliqué, mais il suffit de les dire à haute voix et c'est très simple, c'est une expérience physique".

Le livre a reçu le prix Médicis la semaine dernière. "Je le prends comme un signe d'encouragement par la suite", s'enthousiasme Nathalie Azoulai. La romancière était aussi finaliste du Goncourt, qui a été attribué à Boussole de Mathias Enard. Elle a cru à ses chances jusqu'au bout. "On a envie de gagner, mais ce prix Médicis me console absolument !", répond-t-elle sans regrets.

Le coup de cœur du libraire :

Alix Mutte, de la librairie Le Lison à Lille, a choisi Une vie entière de Robert Seethaler, édité par Sabine Wespieser.