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"Faute grave", boycott puis gain de cause... On vous explique la polémique autour du festival de la bande dessinée d'Angoulême

Les appels au boycott de plusieurs auteurs et éditeurs ont contraint l'association propriétaire du festival à annoncer un nouveau processus de sélection pour le choix du futur organisateur à partir de 2028, dont sera écarté l'actuel délégataire 9eArt+, très critiqué depuis plusieurs mois.

Le festival international de la bande dessinée d'Angoulême.

Crédit : YOHAN BONNET / AFP

Gabriel Joly & AFP

Vers une résolution de l'imbroglio en Charente ? Les appels au boycott ont visiblement fait plier l'association propriétaire du festival de BD d'Angoulême (FIBD), qui a annoncé jeudi 13 novembre un nouveau processus de sélection pour le choix du futur organisateur de l'événement, dont sera écarté l'actuel délégataire 9eArt+, très critiqué.

De nombreux auteurs et éditeurs de bande dessinée avaient menacé de boycotter l'édition 2026 du festival, organisée du 29 janvier au 1er février prochain. La raison ? Le choix annoncé samedi par l'association de demander un "rapprochement" entre les deux derniers candidats retenus pour son organisation à partir de 2028, 9eArt+ et la Cité Internationale de la Bande dessinée et de l'Image (CIBDI).

"Ce choix n'a manifestement pas recueilli l'assentiment des parties prenantes de l'événement", constate, dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi, l'association FIBD qui "décide de rendre caducs les résultats de l'appel à concurrence" et "atteste que 9eArt+ ne sera pas reconduit au-delà" de son contrat actuel, expirant en 2027. Mais de quoi est-il question concrètement ? On vous explique cette polémique en trois temps.

9eArt+, un organisateur décrié

Le festival d'Angoulême, créé en 1974, est organisé par 9eArt+ depuis 2007. En début d'année, la dernière édition avait été marquée par une virulente mise en cause de cette société privée, accusée dans l'Humanité Magazine d'opacité financière, de "dérives" mercantiles et d'avoir licencié une salariée, en 2024, qui venait de porter plainte pour un viol survenu en marge du festival.

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Une information judiciaire est ouverte sur ces faits et la jeune femme conteste son licenciement pour "faute grave" - l'entreprise lui reproche un "comportement incompatible" avec son image - devant les prud'hommes.
Au printemps, sous la pression des financeurs publics du festival, que sont l'État et les collectivités locales, et d'un appel au boycott signé par des auteurs comme Luz ou Fabcaro, l'association du Festival d'Angoulême avait opté pour mettre fin au contrat de 9eArt+, en 2027 donc, ouvrant à la concurrence l'organisation de l'événement à partir de 2028.

Les lauréats du Grand prix montent au créneau car 9eArt+ n'est pas définitivement écarté

En juillet, le Festival avait annoncé ensuite le retrait à cet horizon de son directeur décrié, Franck Bondoux, également fondateur de 9eArt+.

Dans son communiqué de l'époque, la direction de l'événement précisait qu'"il est essentiel de considérer que la société 9eArt+, dont l’objet unique est l’organisation du Festival International de la bande dessinée d’Angoulême, n’est pas liée à sa seule personne". "En toute logique et forte aujourd’hui de la reconnaissance de son action par les financeurs publics, 9eArt+, dispose de la possibilité de répondre à cet appel à projet", pouvait-on encore y lire.

Le scénario d'une gestion partagée entre 9eArt+ et la CIBDI, un établissement public qui abrite le musée de la BD, émerge et crispe depuis. "Le Festival de la bande dessinée d'Angoulême est en danger de mort", alertaient ce lundi 22 lauréats du Grand prix, récompense suprême du festival, parmi lesquels Riad Sattouf, Lewis Trondheim, Posy Simmonds, Jacques Tardi, Art Spiegelmann ou encore Anouk Ricard, plébiscitée en 2025.

"Il est grand temps de tourner la page 9eArt+ pour que le Festival retrouve, avec de nouveaux opérateurs, les valeurs qui ont construit sa notoriété internationale", soulignaient-ils alors.

Le Syndicat national des auteurs et des compositeurs (Snac), avec le Syndicat des travailleurs.euses artistes-auteur.ices (Staa) CNT-SO, ont par ailleurs dénoncé une reconduction déguisée de 9e Art+ à l'organisation du festival.

Les pouvoirs publics mettent la pression

Lors d'une réunion, également lundi, avec la mairie d'Angoulême, l'agglomération et la région Nouvelle-Aquitaine, une vingtaine d'éditeurs avaient aussi exprimé leur volonté de "voir Franck Boudoux partir", et "pour certains dès maintenant", a déclaré mardi à l'AFP le maire d'Angoulême Xavier Bonnefont, également président de l'intercommunalité.

Les éditeurs attendent "une clarification", "une reprise en main des collectivités", et demandent "que la suite se fasse sans 9eArt+ et Franck Boudoux", a ajouté Frédéric Vilcocq, le conseiller culture de la région Nouvelle-Aquitaine.
D'autres réunions, entre juristes des financeurs, entre politiques et avec l'association étaient prévues dans la semaine, avait indiqué Xavier Bonnefont. Visiblement tous ces détracteurs ont été entendus avec l'annonce d'un nouveau procédé pour choisir la future gouvernance, sans 9eArt+.

Le propriétaire du festival doit désormais "constituer un comité de pilotage destiné à lancer un nouveau processus de sélection", "composé de représentants de l'Association FIBD, des financeurs publics, des professionnels du secteur". Installé le 18 décembre, il devra notamment "définir les orientations stratégiques et les priorités liées au prochain appel d'offres", dont les résultats seront proclamés le 18 juin prochain.

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