De spécialiste de l'histoire de l'art à faussaire, il n'y a visiblement qu'un pas. C'est ce que raconte l'histoire de ces deux faussaires français dont le procès s'est ouvert mardi 25 mars. Bill Pallot, ancien enseignant à la Sorbonne, et Bruno Desnoues, ébéniste renommé, ont dupé des institutions prestigieuses, dont le château de Versailles et la famille de l'émir du Qatar, avec de faux meubles du XVIIIe siècle.
Leur stratagème consistait à fabriquer des répliques de sièges historiques, en utilisant des carcasses anciennes et en ajoutant des dorures et estampilles pour berner les experts. Leurs créations ont été vendues à des prix exorbitants, atteignant jusqu'à 2 millions d'euros. Leurs faux ont été validés et vendus dans des maisons de vente prestigieuses.
Une entreprise très lucrative qui en séduit bien plus d'un au cours de l'Histoire. Certains artistes ont même excellé dans leur manière d'imiter les grands peintres. Voici l'histoire de quelques-uns d'entre eux.
Han van Meegeren est un restaurateur d'œuvre néerlandais du XXe siècle, considéré comme l'un des plus célèbres. Son talent d'artiste ne suffit pas pour envisager de vivre de ses peintures, alors il se tourne vers la restauration, notamment des œuvres du siècle d'or néerlandais. L'idée lui vient de fabriquer des faux, grâce aux techniques de l'époque qu'il maitrise à la perfection.
Il se spécialise notamment sur le peintre Johannes Vermeer, dont les œuvres sont très appréciées des collectionneurs de l'époque. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Han van Meegeren continue sa production de faux et en vend aux nazis, mais une fois le conflit terminé, on l'accuse d'avoir vendu des trésors nationaux à l'ennemi.
Lors de son procès, il déclare alors qu'il s'agissait de copies dont il est l'auteur. Face à la perplexité de ses juges, il demande une toile vierge et entame un tableau assez convaincant pour lui faire éviter la peine de mort.
Tom Keating, né le 1er mars 1917 à Londres, est devenu célèbre non pour ses œuvres originales, mais pour ses copies magistrales de tableaux de maîtres. Après des études brèves à Goldsmiths et une carrière comme restaurateur de peintures, il s’est tourné vers la falsification, reproduisant plus de 2.000 œuvres d’artistes tels que Samuel Palmer ou John Constable.
Keating voyait ces faux comme une forme de rébellion. Selon lui, il ne cherchait pas l’enrichissement personnel, mais dénonçait un marché de l’art mercantile exploitant les artistes. Il insérait intentionnellement des petites erreurs dans ses faux, comme un pied de nez aux marchands d'art qui lui achetaient ces peintures. Son arrestation en 1977 a marqué un tournant.
Après un accident de moto qui faillit lui coûter la vie, son procès fut abandonné. Par la suite, Keating connut une nouvelle carrière en son propre nom, animant l’émission Tom Keating on Painters où il enseignait les techniques picturales. Il mourut le 12 février 1984 à Colchester, laissant derrière lui l’image d’un faussaire idéaliste défiant les puissants du monde de l’art.
Ce Français autodidacte est l’un des plus célèbres faussaires de l’histoire de l’art. Il découvre son talent dès l’enfance et vend ses premières toiles à 16 ans. Mais ses œuvres originales ne rencontrent pas le succès. Fasciné par les grands maîtres, il perfectionne son art en les imitant, jusqu’à frôler la perfection.
Dans les années 1990, il commence à produire des faux pour des marchands d’art peu scrupuleux. Il est tellement doué que rapidement, il cesse de produire des copies pour ne peindre que des pastiches, où il imite suffisamment bien le style de l'auteur pour berner les collectionneurs.
Arrêté en 2004 dans son petit atelier sous les toits de Saint-Mandé, Guy Ribes accueille les policiers presque avec soulagement, lassé d’être réduit à un faussaire". Si Picasso était encore vivant, il l'embaucherait", confiera lors de son procès un expert venu témoigner devant le tribunal, comme le racontait à l'époque Le Parisien.
Wolfgang et Hélène Beltracchi, surnommés les "Bonnie et Clyde de l'art", sont un couple de faussaires allemands qui ont écoulé pendant plus de 30 ans des contrefaçons de tableaux de grands maîtres. Wolfgang, doté d'un talent exceptionnel pour la peinture, a grandi dans un milieu modeste en Allemagne, où il a appris les techniques de son père, restaurateur de peintures. Il a rapidement démontré un don pour reproduire des œuvres d'art, réalisant un Picasso à l'âge de 14 ans.
Hélène, quant à elle, a joué un rôle clé dans l'escroquerie en créant des histoires crédibles autour des œuvres, notamment en prétendant que les tableaux provenaient de la collection de son grand-père, acquise auprès d'un marchand d'art juif avant la Seconde Guerre mondiale. Ensemble, ils ont réussi à tromper experts, collectionneurs et musées, amassant une fortune considérable.
Leur supercherie a été découverte en 2010, et ils ont été condamnés à des peines de prison relativement légères. Malgré leur arrestation, les Beltracchi ont continué à exploiter leur notoriété, devenant presque des figures mythiques dans le monde de l'art.
David Stein, de son vrai nom Henri Abel Abraham Haddad, est l’un des plus célèbres faussaires du XXe siècle. Né en 1935 à Colombes, il copie avec brio des œuvres de maîtres tels que Chagall, Picasso, Matisse ou Miró, attirant les acheteurs par ses prix attractifs. Son activité est révélée en 1966 lorsque Chagall, de passage à New York, découvre l’un de ses faux. Traqué par la justice américaine, Stein est arrêté et condamné en 1968 à quatre ans de prison.
Malgré ses démêlés judiciaires, il entretient une relation presque amicale avec Joseph Stone, le procureur qui l’a fait arrêter. Après son expulsion des États-Unis, Stein poursuit ses activités en Europe. Il signe des faux Warhol exposés au MoMA et tente de les vendre à l’hôtel Drouot. Toujours en fuite pour échapper à ses créanciers, Stein meurt en 1999 à Bordeaux, laissant derrière lui une vie marquée par l’art, l’escroquerie et un goût certain du jeu qui a précipité sa chute.
Personnage excentrique et provocateur, Fernand Legros a défrayé la chronique dans les années 1960 et 1970 en orchestrant l’une des plus grandes escroqueries du marché de l’art. Né en Égypte, il débarque en France où il devient marchand d’art, un faussaire audacieux, capable de vendre à des collectionneurs prestigieux des toiles signées Picasso, Modigliani, Derain ou Dufy… toutes fausses.
Pour cela, il s’appuie sur deux complices talentueux, les faussaires Elmyr de Hory et Real Lessard, qui peignent pour lui des imitations parfaites. Avec son manteau de fourrure, son chapeau à large bord et son allure flamboyante, Legros est doté d’un culot monstrueux. Pendant plus de dix ans, il mène une vie de luxe insolent, entre Paris, New York et Tokyo, et parvient à tromper même les meilleurs experts.
Il vend des dizaines de faux à travers le monde, notamment au Premier ministre japonais Eisaku Satō. Son arnaque la plus retentissante reste celle qui ruine Algur Meadows, un magnat texan du pétrole. Entre 1964 et 1967, Legros lui cède cinquante-quatre tableaux, dont trente-huit seront ultérieurement identifiés comme des faux. Ce scandale déclenche un procès retentissant qui met fin à sa course folle. Pourtant, même au cœur des affaires judiciaires, Legros conservera son aura.
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