ÉDITO - Anthony Martin regrette "la peopolisation galopante" des écrivains à succès

Comme les chanteurs, comme les équipes de films. Aurélie Valognes, la 8e auteure la plus lue de l’année 2023, sera à 18h au Mans pour présenter son nouveau roman. Dans son agenda, elle a prévu de faire 16 villes en un mois. Joël Dicker, lui, est un peu comme les Rolling Stones ! Il part pour une tournée internationale. Et il sait que, pendant plus d’un an, ça ne va pas être évident d’écrire.

Plus étonnant encore, le cas de l’auteur du dernier prix Goncourt, Jean-Baptiste Andrea. On pourrait se dire que le label Goncourt suffit à faire le travail. Pourtant, la récompense n'est pas suffisante. Il va faire plus de 100 dates de tournée (plus que Calogero !), lui qui sillonne les villes françaises depuis plus de trois mois.

Derrière cette stratégie, il y a la course au chiffre. Maintenant, on parle de match dans l'édition. On a le sentiment que quand tu es écrivain, si tu n'es pas dans le top 20, tu as raté ta carrière. C'est absurde. Et derrière ce phénomène, il y a aussi une peopolisation galopante. 
 
Aujourd’hui, l’écrivain doit signer des autographes, faire des selfies et hanter les réseaux sociaux. On doit connaître sa tête. Le culte de l’image rattrape le monde de l’écrit. On va finir par enfermer nos écrivains dans le star-system, et je ne suis pas sûr ce soit leur domaine de prédilection...

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