"Charlie Hebdo" : pourquoi le journaliste Fabrice Nicolino refuse l'ordre des Arts et Lettres

Le journaliste Fabrice Nicolino fait partie des victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier dernier. Grièvement blessé, il a depuis repris la plume sur son blog. Dans un billet publié samedi 18 juillet, il révèle que la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, lui a proposé une décoration officielle et explique pourquoi il l'a refusée. 

"Il m’est arrivé il y a quelques jours une bien curieuse histoire", raconte ce spécialiste de l'écologie. Il retranscrit le mail que lui a envoyé "un responsable du ministère de la Culture" : 

"Monsieur,

Madame Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, souhaite vous nommer au grade de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, dans le cadre de la promotion de juillet 2015.
Je vous remercie de bien vouloir m’indiquer si cette proposition recueille votre agrément et reste à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

Bien cordialement".

Pour le journaliste, "l'arrière-plan est limpide : madame Pellerin entend décorer les quatre blessés de Charlie Hebdo, c’est-à-dire Simon Fieschi (le webmaster du journal, le plus grièvement blessé, ndlr), Philippe Lançon (journaliste et écrivain, ndlr), Riss (directeur de Charlie Hebdo, ndlr) et moi-même. Je ne sais pas encore ce que sera la réponse des trois autres, mais moi, j’ai refusé", indique-t-il. 

Je me suis vu dans un salon doré, et très simplement, je me suis marré tout seul.

Fabrice Nicolino

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Pour quelle raison ? "Franchement ! Mettre une breloque à mon revers ou, pis encore, la laisser sur son délicat velours, serait d’une telle extravagance que je ne pouvais bien sûr m’y résoudre. Je me suis vu dans un salon doré et très simplement, je me suis marré tout seul. Je n’ai décidément rien à voir avec leur monde", justifie-t-il. Contrairement à Patrick Pelloux, récemment distingué par François Hollande, Fabrice Nicolino ne sera donc pas décoré. 

Il conclut son billet en revenant sur ses blessures, toujours douloureuses, plus de six mois après la tuerie. "Je traîne la patte et mange encore de la morphine comme s’il s’agissait d’une sucrerie, mais ça va. Ça va. Et ça ira".