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Comment les séries d'anticipation nous font réfléchir à notre humanité

SPOILERS - "Black Mirror", "Westworld", "Real Humans"...Les séries d'anticipation se multiplient et interrogent notre rapport au progrès en transposant nos angoisses et nos fantasmes dans un futur pas si lointain.

Dans "Westworld", les hôtes sont créés avec des imprimantes 3D
Dans "Westworld", les hôtes sont créés avec des imprimantes 3D
Crédit : HBO
Cécile De Sèze
Cécile De Sèze

Real Humans sur Arte, Black Mirror sur Netflix ou Westworld sur HBO, les séries d'anticipation se sont multipliées à la télévision et sur les plateformes de streaming ces dernières semaines. Elles sont en vogue et ne nous laissent pas de marbre. Elles reflètent notre rapport au progrès et transposent les angoisses, l'espoir et les fantasmes générés par le poids croissant des nouvelles technologies dans nos sociétés dans un futur pas si lointain, dans lequel il est facile de se projeter, nous poussant à réfléchir à notre propre humanité et à nos propres faiblesses.

Dans Real Humans, par exemple, des robots sont au service des humains. On les appelle les hubots. Deux camps s'opposent, pro et anti-hubots, pour ou contre leur libération. Pour différentes raisons, le spectateur est amené, au fil de la narration, à s'interroger sur ce qui fait qu'il est, lui, humain. "Notre corps est de plus en plus compatible avec les machines. En se projetant dans l’avenir, il n’est pas complètement fou d’imaginer un futur où nos esprits aussi pourront profiter d’une technologie robotique, expliquait le producteur Henrik Widman à Télérama en 2014. Nous pensons d’abord à divertir… en faisant réfléchir les gens."

Attention, en continuant la lecture de cet article, vous risquez de vous faire spoiler très fort. 

"Black Mirror" : les clones numériques et la vie après la mort

Plus ancienne, Black Mirror est une production britannique qui a été rachetée récemment par la plateforme Netflix. Avec une troisième saison à la hauteur des deux premières, la série profite d'une seconde jeunesse. Elle prend pour point de départ plusieurs problématiques contemporaines - l'addiction aux réseaux sociaux, le goût pour le sensationnalisme ou encore la disparition des abeilles - et imagine des scénarios dans un avenir proche qui aurait intégré ces problématiques. 

Sans aucun lien entre eux, chaque épisode traite d'un futur qui pourrait réellement, et malheureusement la plupart du temps, arriver. Ils tendent à nous renvoyer et nous questionner sur notre condition d'être humain. Ainsi, dans Blanc comme neige, il est possible de coder un clone de nous-mêmes programmé pour faire toutes les tâches quotidiennes à notre place et nous laisser le temps pour se concentrer sur ce qui est réellement important. Appelé "Cookie", ce clone numérique n'a pas conscience d'être le résultat d'une suite de codes et pense être bien réel. La frontière entre être humain et être codé devient très mince. La torture psychologique subie par le "Cookie" s'apparente tout à fait à ce que vivrait un humain. Qu'est-ce qui, dans le futur, nous différenciera des créations numériques ?

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Un autre épisode se penche sur la vie après la mort et imagine un lieu où l'on pourrait être jeune et beau pour l'éternité une fois décédé. Un lieu auquel il est possible d'accéder jusqu'à minuit seulement pour ceux qui sont encore vivants. Avant de passer l'arme à gauche, le mourant choisit s'il préfère partir pour de bon, ou continuer à vivre dans ce rêve artificiel. Là encore, la réflexion sur l'immortalité est au centre de l'épisode, mais toujours de manière subtile, puisque l'on ne comprend qu'à la fin qu'il s'agit de la vie (numérique) après la mort. 

"Westworld" et la fine limite entre humanité et non-humanité

Dans Westworld, les scénaristes se sont inspirés du film Mondwest et imaginent un parc peuplé de personnages créés de toute pièce mais aux aspects humains convaincants. Ce parc a pour thème l'époque du far west, et propose à ses visiteurs de vivre une expérience des plus réelles possible. Ceux qui peuplent ce parc s'appellent les hôtes. Les humains qui le visitent sont appelés les visiteurs. Les hôtes sont construits de A à Z grâce à des imprimantes 3D qui répondent à un code précis, comme on le comprend dans le générique de début. 

Leur caractère, leur histoire, tout est pensé pour les rendre les plus convaincants possible. Ils n'ont pas conscience de leur non-humanité, du moins dans les premiers épisodes. C'est justement ce changement de comportement qui va mener le spectateur à voir de plus en plus les hôtes comme des humains, et des visiteurs moins humains que les hôtes. Une histoire d'amour entre une hôte et un visiteur vient là aussi perturber la séparation nette entre les deux espèces. Mais pas autant que le twiste de l'épisode 7, où un personnage que l'on pensait humain est en réalité un robot. 

Les hôtes sont de plus en plus humains, une sorte d'épidémie semble se répandre et déclencher chez eux une prise de conscience, faire remonter des souvenirs qu'ils ne sont pas censés avoir. Leur humanité de plus en plus réelle, le spectateur, qui s'en faisait une certaine idée, se retrouve confronté à une réalité différente qui l'amène à se questionner sur ce qui, lui, le rend humain ou non. 

Ce genre de séries n'a pas fini de nous travailler. Arte s'apprête à sortir une nouvelle production, intitulée Transferts, qui se penche sur les conséquence d'une découverte scientifique sur l'immortalité humaine. 

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