Le PDG de Google vient débaucher les petits génies français

On ignore si le patron de Google est prévenu, mais il n’y aura personne pour l’accueillir à Paris mercredi 24 février. Le Président Hollande sera en Argentine, la ministre de la Culture et de la Communication l’accompagne. La ministre chargée du Numérique est en congé maternité. Le seul qui est là est Emmanuel Macron, qui va donc le voir. Mais Sundar Pichai n’est pas venu en France pour rencontrer nos dirigeants. Il est plus puissant qu’eux. La maison mère de Google, Alphabet, est la première capitalisation mondiale avec 542 milliards de dollars.

Vous exercez n’importe quelle activité dans le monde, vous dépendez de votre référencement sur le moteur de recherche. Vous voulez être mieux référencé ? Vous payez Google qui est ainsi devenu la première agence de publicité du monde. Daniel Ichbiah, auteur de Comment Google mangera le monde, explique que le géant détient l’équivalent de la "bombe atomique" de l’information. "C'est quelque chose d'assez étrange, chez Google. Ce sont des gentils, écolos, etc., qui soutiennent des bonnes causes. Ils détiennent un pouvoir comme pratiquement aucune société au monde n'en a détenu à ce jour", explique-t-il. "Google peut faire disparaître n'importe qui de son moteur de recherche. Ainsi un énorme constructeur automobile qui défierait Google serait enlevé du moteur de recherche", poursuit-il. "S'ils vous enlèvent de leur moteur de recherche vous êtes très mal, mais ils ne le font pas. C'est une puissance implicite", insiste-t-il.

Google détient un pouvoir comme pratiquement aucune société au monde n'en a détenu à ce jour

Rémi Sulmont

Le PDG qui détient cette "arme de dissuasion massive" c’est Sundar Pichai. À 43 ans, il est encore peu connu. Il a été nommé l’été dernier à la tête de Google, quand la maison mère est devenu Alphabet. C’est l’inventeur du navigateur Chrome. Entré en 2004 chez Google, il a compris avant les autres le puissant avenir du téléphone mobile. Ce qui est extraordinaire c’est qu’il est peut-être l’un des dernier sur cette planète à avoir possédé un téléphone. Il est né en Inde, et ce n’est qu’à l’âge de 12 ans que ses parents ont acquis un téléphone fixe (avec le disque qu’on tourne avec les doigts). La légende dit que sa "mémoire phénoménale" lui a permis de mémoriser tous les numéros qui étaient composés sur ce téléphone. Sa mémoire, son cerveau et ses idées valent de l’or. Il failli être débauché pour diriger Twitter, puis Microsoft. Google lui aurait offert 50 millions de dollars pour qu’il reste.

La France une nouvelle Silicon Valley

Sundar Pichai est en Europe pour assister au salon du mobile de Barcelone. Mais il a choisi de faire son premier discours européen en France, à Paris. Ce sera dans le grand amphi de Sciences-Po. Il devrait faire des annonces devant les grands patrons des médias français. Il sera question du marché de l’information. Des étudiants de Sciences-Po seront là, ainsi que d’autres grandes écoles. Ce n’est pas un hasard. Le patron de Google veut attirer à lui la jeune génération française.

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"La France est une nouvelle Silicon Valley depuis deux ou trois ans", selon Guy Mamou-Mani , le président syndicat du numérique français. Cette année, au CES de Las Vegas, le plus grand salon de l’innovation technologique, on a compté près de 200 exposants français, juste derrière les Américains et loin devant toutes les autres. La France forme des ingénieurs ultra recherchés. Son "écosystème" fait pousser des stars-up très innovantes, que Google surveille ou rachète pour s’assurer que personne n’invente une nouvelle "bombe atomique".