Les autorités réfléchissent à des solutions pour renforcer l’application SAIP. Le député socialiste Luc Belot milite depuis plusieurs mois pour que le dispositif gouvernemental d’alerte aux populations en cas de péril majeur soit complété par des SMS d’alerte géolocalisés envoyés par les opérateurs. L’élu du Maine-et-Loire assure que le gouvernement songe à cette éventualité ainsi qu’à la possibilité de recourir à la diffusion cellulaire. "Mon message porte plus auprès de Bruno Le Roux que de Bernard Cazeneuve, explique-t-il à RTL.fr. Son approche permet d’ouvrir la discussion. Il n’est pas dans le refus en considérant que l’administration a fait l’application SAIP et que cela suffit".
Lancée lors de l'Euro 2016, l'application "Alerte attentat" permet d'être informé par des notifications en cas d'événement majeur (attentat, accident nucléaire, etc.), de bénéficier de conseils comportementaux géolocalisés et de relayer les messages d'alertes sur les réseaux sociaux. Pour recevoir les alertes, l'utilisateur peut accepter la géolocalisation ou sélectionner les régions qu'il souhaite suivre. Les alertes sont décidées par les préfets puis relayées dans un rayon pouvant aller de quelques hectomètres à tout un département.
Critiquée pour son retard à l'allumage lors de l'attentat de Nice, l'application souffre de plusieurs limites. Elle suppose la possession d’un smartphone évoluant sous Android ou iOS uniquement, disposant d’un accès aux données mobiles Internet et doit tourner en tâche de fond pour fonctionner. Elle ne couvre donc pas la majorité de la population dans une zone donnée. Le député Belot a déposé cet été une proposition de loi pour permettre aux autorités d'alerter les populations par un SMS géolocalisé de l'imminence d'un danger. Il est désormais convaincu de sa complémentarité avec un dispositif comme la diffusion cellulaire.
"Après avoir revu les opérateurs et la fédération des
télécoms, je pense qu’il faut les trois dispositifs avec la possibilité de
pouvoir utiliser l’un, l’autre ou les trois en toute connaissance de cause",
explique-t-il. Les SMS géolocalisés
acheminés par les opérateurs ont l’avantage de cibler une population plus large
que l’application SAIP et d’être plus précis. "On peut choisir d’envoyer un
message d'alerte à tous les téléphones dans une zone spécifique, tout en
choisissant de ne pas l'envoyer dans un autre secteur", détaille l'ancien rapporteur du projet de loi sur le Numérique. Les opérateurs peuvent aussi pousser des messages dans une autre langue
en fonction de la nationalité de la carte SIM des téléphones.
"Un opérateur a fait une démonstration sur la
Promenade des Anglais après les attentats de Nice", explique l’élu
socialiste. "On a sélectionné un périmètre dessiné sur une carte. En un
temps très court, le service nous a dit combien d’antennes il y avait, où elles
se situaient et quelle surface elles couvraient. On a donc su qu’il y avait
3.500 téléphones, dont 1.400 étrangers, parmi lesquels 150 Russes et 45 Chinois.
Nous avions potentiellement la capacité à pousser un message qui pourrait être
le même que celui délivré par l’application SAIP".
Utilisée dans une vingtaine de pays, dont les États-Unis et
le Japon, pour les tremblements de terre et les tsunamis, la diffusion
cellulaire, ou Cell Broadcast, permet d’envoyer des messages à tous les
utilisateurs situés dans le périmètre couvert par une antenne-relais. Recommandée par de nombreux experts, cette
technique a l’avantage d’être adaptées à tous les téléphones portables et de ne pas
craindre la congestion des réseaux 3G, 4G ou Wi-Fi. "Le Cell Broadcast permet l’envoi
de messages courts, moins riches, sans lien HTML renvoyant vers un site
officiel, qui s’affichent directement sur l’écran du téléphone", explique
Luc Belot.
"Bruno Le Roux veut continuer les discussions"
Luc Belot, élu PS du Maine-et-Loire
"SAIP reste le must, quand on l’a, poursuit le député. Peu importe la configuration du téléphone, il coupe toute sonnerie ou vibration des appareils situés dans la zone de danger. Dans le cas du Bataclan, le téléphone d’une personne allongée dans la salle n’aurait pas sonné, ni vibré, lors de la réception d’une alerte. Ce que ne permet pas la diffusion cellulaire". Plusieurs rendez-vous entre les autorités et les opérateurs ont déjà eu lieu sur le sujet. "Bruno Le Roux veut qu’on continue les discussions", se félicite Luc Belot. Selon lui, le principal obstacle est d'ordre technologique : "Certains opérateurs sont déjà prêts pour le push SMS ou la diffusion cellulaire, d’autres non".
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