L'inquiétant recul des neiges de la Sierra Nevada
L'imposante chaîne de montagnes, qui abrite notamment le plus haut sommet des États-Unis contigus, n'avait pas vu son manteau neigeux aussi fin depuis un demi-millénaire.
Cela fait déjà quatre ans que ça dure, et la situation ne cesse d'empirer. Depuis 2011, la Californie vit une sécheresse pratiquement constante et terriblement inquiétante pour les climatologues comme les habitants, qui subissent de plus en plus fréquemment des privations d'eau et des feux de brousse dévastateurs. Selon une étude publiée par des chercheurs de l'Université d'Arizona dans la revue Nature, un nouvel indice vient confirmer ces conditions aussi extraordinaires que préoccupantes : l'épaisseur du manteau neigeux de la Sierra Nevada.
Dans un État aussi vaste et aride que la Californie, la chaîne de montagnes est un réservoir nécessaire à la vie de tous, un lieu touristique admiré pour le Lac Tahoe par exemple comme pour ses quelques 700km de reliefs escarpés. Principale source d'eau de toute une région, ces hauteurs fournissent habituellement les habitants et les infrastructures. Mais cette année, la dramatique sécheresse qui frappe la Californie n'a pas épargné les sommets d'ordinaire enneigés, et ce dans des proportions terrifiantes.
Du "jamais vu depuis 500 ans"
Ainsi, selon l'étude, l'accumulation de neige de l'hiver dernier n'a représenté que 5% de ce qu'elle est en temps normal, causant évidemment des risques inquiétants d'incendies, l'assèchement des puits et des verger, et contraignant de nombreuses populations à se rationner dans leur consommation d'or bleu. "Nous avons atteint un seuil jamais vu depuis 500 ans. Dans notre modèle, jamais au cours du dernier millénaire les chiffres n'avaient été aussi bas", explique Valerie Trouet, en charge de l'étude.
"Quand vous êtes une scientifique, vous êtes d'abord très excitée par les résultats. Et puis vous réalisez que la fonte extrême du manteau neigeux est en fait tout sauf excitante." La Sierra Nevada, qui représente environ un tiers de la réserve d'eau de Californie, est surveillée de très près par les scientifiques depuis près d'un siècle. Au fur et à mesure des années, plus d'une centaine de points de contrôle ont été établis et sont régulièrement relevés, pour vérifier au plus près l'évolution du manteau neigeux. Pour élaborer son rapport, l'équipe de Valérie Trouet a ainsi pu comparer quelque 3.500 échantillons, allant de l'étude des cernes d'arbres multicentenaires à des relevés existants des niveaux d'enneigement des décennies passées.
Une conjonction de phénomènes rares
