Ariane 6 : pourquoi le lancement de cette fusée est important pour l’Europe ?

Après quatre ans de retard, la première fusée Ariane 6 décollera enfin, mardi 9 juillet, depuis le centre spatial de Kourou en Guyane. Elle décollera à 20h (heure française) et son décollage sera diffusé en direct sur la chaîne YouTube de l'agence spatiale européenne. Le lancement pourrait être décalé à 23h en cas de problème. 

Outil d'indépendance spatiale européenne, ce premier vol se doit d'être un succès pour l'avenir de l'agence spatiale européenne (ESA). "C'est un moment extrêmement important. C'est le retour de l'Europe dans la course, et c'est le retour de la France dans l'espace", explique Philippe Baptiste, président du Centre national d'études spatiales (CNES), invité de RTL ce mardi.

Pour être capable de lancer cette fusée, l'agence spatiale européenne a essuyé quelques revers, retardant le lancement de quatre ans, "pour partie à cause du Covid-19", explique l'économiste François Lenglet. "Et puis, on a dû renoncer à exploiter la fusée russe Soyouz depuis la guerre d'Ukraine. Au point que l'Europe a dû faire appel aux Américains de SpaceX pour lancer ses propres satellites. Une humiliation pour nous qui avons quand même été leader mondial avec un premier vol de la fusée Ariane en 1979", ajoute-t-il.

Le spatial dans notre quotidien

Le spatial est aujourd'hui partout dans notre quotidien, c'est la raison qui pousse l'Europe à vouloir conquérir son indépendance. "C'est la radio que vous allez pouvoir écouter qui va être diffusée par satellite. Ce sont les télécoms que vous allez utiliser qui passent par des satellites, c'est la météo qui passe par des satellites. Ce sont les prévisions climatiques de demain, d'après-demain, dans plusieurs années qui sont faites à partir de données qui viennent de l'espace", assure Philippe Baptiste.

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"Si vous n'avez pas votre capacité d'accès à l'espace, ça veut dire que vous ne pouvez pas envoyer quand vous voulez et où vous voulez vos satellites. Et ces satellites sont, par exemple, des satellites de défense qui assurent notre sécurité, qui regardent ce qui se passe sur la Terre, qui permettent à nos troupes, à nos forces de communiquer de manière sécurisée", ajoute-t-il. 

Rester compétitif

Même si le lancement de cette fusée aboutit, l'agence spatiale européenne devra continuer à fournir des efforts pour rester compétitive. "Ce marché est très dur, très concurrentiel, des concurrents allemands se profilent pour les années qui viennent. Maintenant, il n'y a plus de monopole pour Ariane pour les lancements de satellites gouvernementaux, donc il va falloir se battre", analyse François Lenglet.

Pour ce faire, l'économiste suggère à Ariane de fonctionner "davantage comme une entreprise normale". "Aujourd'hui, chacun des pays européens qui financent le programme est en droit d'exiger des retours correspondants en termes industriels. Ça veut dire en termes d'emplois, d'usines. Résultat, gâchis de temps et d'argent pour maintenir des sites de production éclatés sur toute l'Europe et organiser le transport des pièces à travers le continent. Ce sont des surcoûts qu'Ariane ne peut plus se permettre", soutient-il. 

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