L'orgasme est source de tous les fantasmes. Au cœur des préoccupations sexuelles de nombreux couples, et des individus, il a toujours fasciné. Il est souvent considéré comme un trésor qu'il faut trouver à tout prix si l'on veut se targuer d'avoir une vie sexuelle épanouie. Pourtant, tout le monde n'atteint pas l'orgasme, loin de là. La jouissance n'est pas du tout expérimentée par toutes les femmes. L'anorgasmie, ou le phénomène de ne pas arriver jusqu'à l'orgasme, n'est pas rare.
Cette absence d'orgasme, pendant ou hors rapport sexuel, n'est pas due à une quelconque difficulté de ressentir du désir ou de l'excitation, précise le sexologue Arnaud Sevene à Girls.fr. Il ne s'agit pas de l'asexualité, et ce n'est pas non plus une pathologie dans la grande majorité des cas. Et le médecin de rappeler qu'il ne faut "pas culpabiliser", "on sait que c'est difficile d'atteindre l'orgasme chez la femme mais ça ne veut pas dire que ça n'arrivera jamais".
20% des femmes sont concernées par le phénomène. "Elles sont naturellement anorgasmiques, ce n'est pas une pathologie", explique Arnaud Sevene. Elles n'arrivent jamais à jouir, même pas en se touchant. Parmi les 80% restants qui parviennent à l'atteindre, seulement 20% jouissent par la pénétration vaginale.
Un point important pour le docteur qui insiste sur le fait que la grande majorité des femmes expérimente l'ultime sensation par la stimulation du clitoris, et pas forcément pendant un rapport sexuel avec pénétration, "comme la société voudrait le faire croire". "On sait que c'est compliqué pour les femmes car le vagin n'est pas un organe très innervé (muni de nerfs, ndlr)", rappelle le Dr. Sevene selon qui, même les orgasmes que l'on appelle, de manière obsolète, "vaginaux" sont certainement dus à une "stimulation indirecte" du clitoris à l'intérieur.
Pour les femmes atteintes d'anorgasmie, il n'y a pas de raison particulière. C'est aléatoire, selon le scientifique. "Si certaines femmes ont des pathologies qui mènent à l'anorgasmie, pour les autres, c'est juste que l'on n'est pas égaux", poursuit-il. Pas de réelles causes identifiées, si ce n'est la méconnaissance de son propre corps.
Car l'anorgasmie n'est pas une fatalité. Les 20% de femmes atteintes ne le sont pas à vie. Arnaud Sevene livre d'ailleurs quelques conseils pour remédier à cette condition. Le premier, c'est d'avoir une bonne connaissance de son corps. Savoir ce que l'on aime, ce qui nous fait plaisir et ce qui provoquera chez nous des sensations décuplées. La masturbation est un bon moyen d'expérimenter ses propres sensibilités corporelles. "La maturité sexuelle s'acquiert. Et il est plus facile de jouir quand on sait ce qui crée le désir, l'excitation, c'est comme ça que l'on va améliorer sa sexualité", selon Arnaud Sevene.
D'après le sexologue qui exerce à Paris, il faut également bien prendre conscience de la "différence entre l'homme et la femme". L'homme a en effet un rapport "plus simple à son corps". L'adolescence étant souvent une période synonyme de découverte de l'excitation, de l'érection ou encore des éjaculations nocturnes. Et les femmes pensent souvent, à tort, que c'est à l'homme de lui faire découvrir ce qu'elle va aimer. Pour parvenir à la jouissance, il faut donc savoir ce que l'on aime, mais savoir l'exprimer aussi.
L'homme ne révèle pas la femme à elle-même.
Arnaud Sevene, sexologue
"L'homme va essayer de reproduire ce qui marche sur lui", explique Arnaud Sevene, et ça ne fonctionnera pas forcément sur sa partenaire. "Le mythe du prince charmant est dépassé (..) L'homme ne révèle pas la femme à elle-même", ajoute-t-il. Autre solution : donner un peu moins d'importance à l'orgasme, finalement.
La jouissance vient d'un plaisir intense, mais l'inverse n'est pas forcément vrai. On peut aisément prendre du plaisir, même beaucoup et parfois plus, sans atteindre l'orgasme. C'est pourquoi il faut arrêter de le voir comme le but ultime de tout rapport sexuel, avec ou sans pénétration. Certaines personnes culpabilisent de ne pas faire jouir leur partenaire, il ne faut pas.
"L'orgasme n'est pas l'aboutissement de l'acte sexuel", insiste Arnaud Sevene. Pour lui, ce qui compte, c'est "le partage sensoriel, le plaisir que l'on a pris, avec ou sans orgasme. On accorde trop d'importance à l'orgasme". Il faut donc sortir de cette "contrainte" fixée par la société.
On accorde trop d'importance à l'orgasme.
Arnaud Sevene, sexologue
Si l'on peut sortir de l'anorgasmie, il faut aussi noter que cela peut nous arriver. Le médecin prend l'exemple d'une personne dont la sexualité serait très liée aux sentiments. Si elle n'est plus amoureuse de la personne qui partage son lit, elle peut ne plus éprouver d'excitation et finit pas ne plus jouir. Le phénomène peut également toucher les hommes. "Chez un homme, une anorgasmie primaire, c'est-à-dire, depuis l'adolescence, est souvent en rapport avec des problèmes psychologiques importants", conclut Arnaud Sevene.
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