Journée mondiale contre le cancer : pourquoi la phase de rémission peut-elle être douloureuse pour les patients ?

Après une longue période de traitements, certains patients vivent très mal leur rémission d’un cancer. Entre sentiment d’abandon et préjugés, le retour à la normale est délicat.

Les couloirs d'un hôpital

Crédit : ELSA RANCEL / AFP

RTL ÉVÉNEMENT - Revivre après un cancer

00:03:27

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

Mardi 4 février marque la journée mondiale de lutte contre le cancer. Comment se relever après des années de traitements lourds ? Peut-on vraiment revenir sans encombre à sa vie d'avant, alors que l'on n'est plus tout à fait le même ? Anissa, 40 ans, et Yannick, 55 ans, sont tous deux en rémission d'un cancer, l'une du sein, l'autre d'un lymphome, y répondent.

À 29 ans, Anissa a appris qu’elle avait une tumeur dans un sein et a enchaîné, pendant un an, une mastectomie, de la chimio, et de la radiothérapie. "Quand je faisais des traitements lourds, j’étais mal physiquement parce que j’avais perdu mes cheveux, mes cils, mes sourcils, on m’avait enlevé le sein. J’étais plus dans un mental de guerrière : ‘Tu vas te battre, tu vas faire en sorte de gagner, tu vas vivre.’ Quand on m’a annoncé que j’étais en rémission, j’étais contente, je pensais que ça allait être derrière moi, que j’allais passer à autre chose. En fait, pas du tout. Ça a été plus dur que la période de traitement", raconte-t-elle. Cela est notamment passé par un sentiment d’abandon, en passant d’une période très intense au niveau du suivi médical à un rendez-vous tous les six mois.

Yannick a aussi ressenti cela après 17 chimios et trois ans de combats contre son lymphome. "Dans la période du traitement, les journées sont rythmées par les infirmiers, ils remplissent les poches, changent les perfusions. À un moment, ça s’arrête. Les mois suivants ont été compliqués parce que vous ne bénéficiez plus d’aucun support. C’est une espèce de solitude au moment où vous êtes assailli de questions sur ce nouveau quotidien", admet-il.

Un changement de vie nécessaire ?

Les deux patients ont été victimes d'une dépression au début de leur rémission. Ils souffraient notamment de certaines remarques de leur entourage. "Pour eux, rémission veut dire guérison, mais ce n’est pas ça. Le risque de récidive n’est pas nul, il faut apprendre à le gérer, ça peut être difficile à vivre", explique Anissa. Yannick abonde dans le même sens : "Les gens pensent que si vous êtes débout, c’est que c’est fini. Il faut apprendre que ce n’est pas fini, que vous pouvez être toujours pétri d’inquiétude. Ça prend beaucoup de temps."

Les patients en rémission sont souvent confrontés à cette remise en question. Que faire de leur vie, maintenant qu'ils ont cette deuxième chance ? "Est-ce que je dois retourner dans mon emploi ? Est-ce que je dois changer de vie ? Qu’est-ce que je dois garder de la vie précédente. J’avais un vrai besoin, comme beaucoup, de donner du temps à ce que je faisais. On ne dure pas longtemps, la notion de terminaison fait qu’on ne doit rien gâcher. Nous sommes beaucoup à avoir une nouvelle vie", estime Yannick.

La Ligue contre le cancer appelle à faciliter le retour à l'emploi pour ces patients en rémission. Aujourd'hui, un travailleur sur trois ne retrouve pas de travail, plus de deux ans après la fin des traitements. Yannick et Anissa, eux, ont changé de vie professionnelle. Le premier écrit et prend plus de temps pour lui, la seconde vient de créer son entreprise de cosmétiques adaptés pour les femmes avec un cancer du sein.

La rédaction vous recommande