Il se passe qu'il a de très bons sondages et qu’il veut en profiter. Comme il le dit lui-même : "quand on a de bons sondages, il faut prendre des risques". Et il se passe qu'on est à 3 ans de la présidentielle...
Xavier Bertrand a été élu à la présidence de la région Hauts-de-France face au Front National en 2015, qui était arrivé en tête au premier tour. À la faveur du front républicain, il s'était présenté comme la synthèse de la droite et de la gauche. Il a passé 4 ans à travailler ses sujets "territoires", et maintenant qu'il est solide sur ses dossiers régionaux, il passe à la vitesse supérieure sur le national.
Ça ne veut pas dire qu’il est en sourdine sur le local. Dès qu'il peut s'appuyer sur sa région pour s'exprimer à l'échelle nationale et européenne, il ne s'en prive pas.
Il n'y a qu'à voir comment il a pris Marine Le Pen en frontal sur la fake news des travailleurs détachés. La patronne du Rassemblement National s'était hasardée à affirmer qu'il y avait 60% de travailleurs détachés sur le projet de Canal Seine-Nord lors d'un débat télévisé. Ni une ni deux, au Conseil régional qui a suivi, Xavier Bertrand a saisi l'occasion de rappeler que l'agent d'entretien venait de Templemars dans le Nord, l'assistance commerciale de Brebières dans le Pas-de-Calais, l'ingénieur de l'Oise, le géomètre de la Somme, etc.
Ce n'est pas une petite offensive. On est dans la séquence "idées", mais pas "foire aux idées". Par exemple, il veut remettre sur la table le Conseiller territorial. C'était la grande idée de Nicolas Sarkozy : fusionner les élus des départements et des régions. Ça veut dire moins d'élus, des collectivités obligées de travailler ensemble et au passage faire quelques économies...
Il propose aussi une contre-réforme des retraites, et il ne se cache pas pour dire qu'il va falloir travailler plus longtemps. Mais son objectif c'est de mettre de la justice dans cette réforme. Autrement dit, Xavier Bertrand explique que cette réforme, il faut la faire pour réduire les injustices du système et pas uniquement pour réduire les déficits...
Et sur la TVA, il a avancé l'idée de la supprimer pour les produits de première nécessité. Alors c'est très décrié, ça coûte un "peu" d'argent, mais pour lui ce qui compte, c'est que les Français les plus en difficulté récupère 20 euros dans le porte-monnaie.
On voit bien ce que cherche Xavier Bertrand : la justice sociale et la valeur courage. Il a appris ça de Nicolas Sarkozy en 2007. L'idée qu'il faut tracer un sillon, très net, et avancer sur ses deux jambes. Xavier Bertrand terminera son mandat régional en 2021 un an avant la présidentielle. Mais même sur deux jambes, 3 ans, c'est long et incertain.
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