Saint-Étienne-du-Rouvray : "Le gouvernement devra répondre", lance Nicolas Sarkozy
Dans un entretien accordé au "Monde", le président des Républicains fustige l'action de l'exécutif et appelle à une législation plus ferme pour lutter contre le terrorisme.

"Horrifié" par la nouvelle attaque perpétrée mardi 26 juillet, à Saint-Étienne-du-Rouvray, Nicolas Sarkozy se confie dans les colonnes du Monde. Au lendemain de l'assassinat d'un prêtre dans son église et moins de quinze jours après l'attaque qui a provoqué la mort de 84 personnes à Nice, le président des Républicains fustige l'action de l'exécutif et appelle à une législation plus ferme pour lutter contre le terrorisme.
"Comment des individus fichés, dont l’un sous contrôle judiciaire pour avoir essayé d’aller faire le jihad en Syrie, ont été laissés libres de commettre un tel attentat ?", interroge Nicolas Sarkozy. "Nous sommes entrés en guerre avec les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier 2015. Il faut en tirer toutes les conséquences".
"Huit attentats qui ont fait 236 victimes"
Après la polémique qui a enflé autour de Bernard Cazeneuve et de la gestion de la vidéosurveillance du 14 juillet sur la promenade des Anglais, Nicolas Sarkozy invite à se recentrer sur les priorités. "À Nice, des versions totalement contradictoires ont été exposées, notamment sur les effectifs présents. Y a-t-il eu mensonge ou pas ? S’il était avéré qu’il y a eu un mensonge d’État, notre pays, pas plus qu’aucune démocratie, ne pourrait l’accepter", estime Nicolas Sarkozy.
Lorsque Le Monde lui rappelle qu'Alain Juppé estime que l’attentat de Nice aurait pu être évité, Nicolas Sarkozy tempère. "J’ai vécu ce genre de situations comme ministre de l’Intérieur et comme président de la République. Je sais que le risque zéro n’existe pas. Ce que je veux, c’est la tolérance zéro". Toutefois, celui-ci souligne la nécessité de faire bouger les lignes en avançant les chiffres de "huit attentats qui ont fait 236 victimes" depuis 2015.
Si les effectifs tels que je les ai laissés ne convenaient pas à M. Hollande, pourquoi n’a-t-il pas corrigé cela depuis quatre ans ?
Nicolas Sarkozy
L'ancien chef de l'État s'en prend alors à la gestion de la majorité. Depuis janvier 2015, selon lui, la gauche "a continué à appliquer le désarmement pénal mis en place par Christiane Taubira, alors même que nous avions besoin de plus de sévérité dans l’application des peines (...) Et, aujourd’hui, elle se refuse à vraiment faire bouger les lignes de droit pour l’adapter à l’ampleur de la menace", déplore-t-il.
Expulser immédiatement tout étranger condamné pour terrorisme
"On constate aujourd’hui qu’il y a un lien incontestable entre la délinquance de droit commun et le terrorisme. La plupart des terroristes avaient un passé de délinquant", souligne Nicolas Sarkoy. Pour parer à ce constat, le patron des Républicains prône un renfort du renseignement, l'assignation à résidence, la prescription plus courante du bracelet électronique voire la rétention. "Toutes les personnes qui sont aujourd’hui sous contrôle judiciaire pour des faits de terrorisme doivent être placées en détention provisoire et non plus laissées en liberté", avance-t-il, établissant un parallèle avec les "70.000 placements d’office par an en matière psychiatrique". Nicolas Sarkozy propose également d'"expulser immédiatement tout étranger condamné pour terrorisme, ce que la réforme de la double peine en 2003 n’a jamais empêché".
Du côté du renseignement, le potentiel candidat à la primaire de la droite appelle à "restructurer les services dans le cadre d’un grand ministère de la sécurité intérieure" et à créer "un service de renseignement dans les prisons". Lorsqu'on lui rappelle que Manuel Valls et Bernard Cazeneuve lui reprochent d’avoir baissé les effectifs de la police et de la gendarmerie lorsqu'il était président, Nicolas Sarkozy riposte. "Si les effectifs tels que je les ai laissés ne convenaient pas à M. Hollande, pourquoi n’a-t-il pas corrigé cela depuis quatre ans ?" Ces reproches politiques, dans un contexte de crispation sécuritaire, questionnent le respect de l'unité nationale mais Nicolas Sarkozy ne voit pas les choses de cette façon. "Le pire serait que les questions ne soient pas posées, que les failles ne soient pas analysées".
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