Quand Manuel Valls empiète sur les plates-bandes de Jean-Marc Ayrault
DÉCRYPTAGE - Le ministre de l'Intérieur se fait de plus en plus présent, quitte à éclipser Matignon.
Manuel Valls est-il pressé d'accéder à Matignon ? En annonçant lui-même la position du gouvernement concernant la loi Famille, le ministre de l'Intérieur a en tout cas clairement grillé la politesse au Premier ministre. "Il n'y aura pas, dans la loi Famille de procréation médicalement assistée ou de gestation pour autrui et le gouvernement s'opposera aux amendements à ce sujet", annonçait-il lundi 3 février sur RTL.
Manuel Valls se prend désormais pour le Premier ministre de ce pays
Sergio Coronado, eurodéputé EELV
Une position que le gouvernement n'avait pas adoptée jusque-là. Il faudra même plusieurs heures avant que Matignon confirme la nouvelle. "Manuel Valls se prend désormais pour le Premier ministre de ce pays puisqu'il intervient à peu près sur tous les sujets", réagissait Sergio Coronado (EELV) dans la foulée. Jean-Marc Ayrault, lui, n'intervient pas. Le chef du gouvernement ne s'est pas encore prononcé sur le brûlant sujet de la loi Famille, laissant son ministre de l'Intérieur et les députés de gauche se débrouiller.
Comme Nicolas Sarkozy avant lui
C'est d'ailleurs Manuel Valls qui défend le report de l'examen de loi de Dominique Bertinotti, initialement prévu pour le mois d'avril. "Nous
devons en même temps apaiser et considérer que les grandes réformes de
société doivent aussi se bâtir quand c'est possible, sur le consensus,
par la discussion, en prenant le temps pour empêcher ceux qui
entretiennent les peurs de toucher leur cible", estime-t-il désormais. Matignon ne dit pas mieux. Pis, Matignon ne dit rien.
L'omniprésence de l'ancien maire d'Evry n'est pas sans rappeler l'hyperactivité de Nicolas Sarkozy lorsqu'il était lui-même ministre. S'il lorgnait plus ou moins ouvertement sur la place de chef du gouvernement, sa campagne ne fut toutefois pas couronnée de succès. Selon ses proches, un brin ironiques, Nicolas Sarkozy dut finalement attendre d'accéder à l’Élysée pour pouvoir exercer les fonctions de Premier ministre. Manuel Valls sait donc ce qui lui reste à faire.
