"Les atermoiements de François Hollande stimulent les ambitions", décrypte Alba Ventura

"Rien n'est décidé" : c'est ce qu'a affirmé François Hollande au Journal du dimanche à propos de sa candidature pour 2017. Le Président affirme aussi : "Si j'y vais, c'est pour gagner". Peut-il gagner ? En l'état actuel de la gauche, de son bilan et du pays, la réponse est non. Il n'y a pas un sondage qui le donne gagnant. François Hollande est "au mieux" dans la situation dans laquelle était Lionel Jospin le 21 avril 2002, à savoir 16% et donc éliminé dès le premier tour. Par ailleurs, il y a une promesse qui l'engage : celle de l'inversion de la courbe du chômage. Les derniers chiffres sont venus rappeler que ce serait difficile en quelques mois. Mais la politique ce n'est pas aussi simple. Si la politique c'était 1+1=2, ce serait facile. Mais la politique, c'est le plus souvent 1+1=3.

Cela veut dire que François Hollande veut se présenter. Il n'y a qu'à voir comment Marisol Touraine est envoyée partout dire que les comptes de la Sécu sont "sécurisés" (c'est vrai, mais on sait aussi que la situation reste fragile). Il n'y a qu'à voir comment Najat Vallaud-Belkacem est chargée de vendre la future réforme du lycée. Il n'y a qu'à voir comment le Président va se saisir cette semaine d'un discours pour parler des institutions.

Donc il veut se représenter. Mais pour le moment, il ne peut que laisser l'incertitude planer. Parce que l'incertitude, ça évite les coups, ça protège. Cela lui permet de s'exposer, mais uniquement à travers ses habits de président. Surtout, en disant "rien n'est décidé", cela lui permet d'attendre de connaître son adversaire de droite. En croisant les doigts pour que ce soit Nicolas Sarkozy. Car s'il sait que Nicolas Sarkozy sera un adversaire redoutable, il sait qu'Alain Juppé sera encore plus dur à battre. François Hollande a l'intention d'être candidat, mais il veut juger des conditions. "Donner du temps au temps", comme aurait dit François Mitterrand.

François Hollande a l'intention d'être candidat, mais il veut juger des conditions

Alba Ventura

Reste qu'il y a un risque à attendre : ça stimule les ambitions. Regardez Arnaud Montebourg - ça y est, il est candidat à la primaire-, Emmanuel Macron - on verra mardi 4 octobre au soir où il en est (il doit présenter son diagnostic de la France à Strasbourg). Cela va jusqu'à Manuel Valls. On l'a entendu dimanche 2 octobre au Grand Jury sur RTL : "Si j'étais à la place du Président, je dirais la chose suivante : 'Je suis fier comme Président d'avoir sauvé le Mali, d'avoir permis à la Grèce de rester dans la zone euro, etc." Avec l'air de défendre le Président, il a parlé de lui comme un président. L'air de rien, Manuel Valls nous dit : "Si jamais il n'y va pas, moi j'irai".

Un certain nombre des proches qui ont dîné à Matignon samedi soir poussent Manuel Valls à anticiper, à prévoir un possible renoncement de François Hollande. C'est tout le problème du chef de l'État : la gestion de l'attente. S'exposer mais pas trop, en évitant que les autres s'autorisent à penser qu'ils ont un coup à jouer.