"Pour réformer, il faut être un virtuose et je ne suis pas sûr que l'on ait affaire à une compagnie de virtuoses", analyse Alain Duhamel

François Hollande joue l'apaisement dans la bataille contre la réforme du Code du travail, portée par Myriam El Khomri. Le chef de l'État a déclaré exclure l'idée d'un abandon du projet mais estime que des "corrections" doivent être apportées. "C'est l'amorce d'un recul nécessaire et dangereux", estime Alain Duhamel. "Il est nécessaire parce que cette réforme a été menée depuis le début, de façon baroque. Elle a été improvisée jusqu'au bout", analysé l'éditorialiste qui pense que cette reculade est dangereuse. C'est une bonne chose, selon lui, si le texte est amélioré et qu'il est donc de meilleure qualité. 

"Mais si en revanche, il s'agit de le démanteler, de revenir sur sa logique et d'en faire une coquille vide, cela signifie que le gouvernement n'est plus en mesure de réformer jusqu'à la fin du quinquennat". Selon Alain Duhamel, cela sonnera la fin du quinquennat avant son terme. "En France pour réformer, il faut être un virtuose, mais je suis ne suis pas sûr qu'on ait à faire à une compagnie de virtuose", lance le journaliste. 

Peu de réformes par rapport à nos voisins européens

Alain Duhamel estime que la société française est plus conservatrice que les autres, face à cette réforme. "Tous les pays européens depuis près d'un demi-siècle affrontent des crises successives. Ils ont tous fait des réformes, parfois désagréables, qui impliquent des efforts. Mais nous, qu'avons-nous fait pendant ce temps-là ? En matière d'éducation par exemple, il y a eu quatre tentatives de réformes, et quatre reculs", précise-t-il.