Devant le Congrès réuni à Versailles le 16 novembre dernier, trois jours après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts, François Hollande proposait la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français coupables de terrorisme. Une mesure qui devait s'inscrire dans la Constitution tout comme l'état d'urgence. Une proposition avec laquelle est en désaccord Cécile Duflot.
Comme on lui demandait si elle voterait contre lors du Grand Rendez-vous Europe1/Le Monde/iTélé ce dimanche 20 décembre la députée EELV a répondu: "À ce stade, je ne vois absolument pas l'intérêt de la modification de la Constitution, et je suis résolument opposée sur la déchéance de nationalité". "C'est plus qu'un ligne rouge, ce serait une faute". "Les criminels, on les pourchasse, on les juge, on les condamne", a plaidé la coprésidente des députés écologistes, disant aussi "préférer que quelqu'un qui a attaqué notre pays soit jugé en France, en prison en France et surveillé plutôt que renvoyé dans un autre pays et qu'on ne sache pas quand est-ce qu'il peut intervenir ou revenir".
Concernant l'état d'urgence, l'ancienne ministre considère que ce régime et ses "moyens extraordinaires" étaient nécessaires "pendant les premières semaines pour identifier les cellules dormantes, les armes" après les attentats du 13 novembre, mais qu'"il faut que ça s'arrête". La lutte contre la menace terroriste doit reposer désormais selon elle sur les services de renseignements, avec des moyens accrus, via "des infiltrations, de la surveillance", des "choses très classiques" mais "qui fonctionnent le mieux".
Cécile Duflot n'est pas la seule à s'opposer à la déchéance de nationalité. Pour le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis, une telle mesure "n'empêchera pas de sa faire sauter". André Chassaigne, président du groupe Front de gauche à l'Assemblée nationale, assure que "les forces du Front de gauche ont toujours été opposées à cette idée aussi grave que dangereuse". Même le Premier ministre Manuel Valls douterait de l'efficacité de cette mesure.
François Hollande pourrait donc abandonner ce projet expliquait Marianne. À 18 mois des présidentielles, le président n'a en effet pas intérêt pas à se mettre à dos son camp.
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