Par ses racines, puis au gré de son parcours politique, Jacques Chirac a tissé un lien privilégié avec le monde paysan et les terroirs qui a perduré toute sa vie. Un monde qui pleure aujourd'hui la disparition de l'ancien chef de l'État, décédé ce jeudi 26 septembre à l'âge de 86 ans.
Scolarisé pendant la Seconde Guerre mondiale dans la petite commune corrézienne de Sainte-Féréole, où son grand-père maternel était instituteur, Jacques Chirac a quitté la capitale, dès ses études terminées, pour labourer les terres limousines et forger son destin politique.
Entre lui et le Salon de l'Agriculture, c'est une grande histoire d'amour. Jacques Chirac n'a raté aucune édition pendant 40 ans, mis à part en 1979, lorsqu'il était dans le plâtre après son accident de voiture. Il aimait le contact et pouvait y rester des heures, surtout au milieu des vaches.
En parcourant les allées, Jacques Chirac goûtait tous les produits, et lui les goûtait vraiment, contrairement à d'autres présidents qui lui ont succédé. Virginie Garin se souvient : "Une année après avoir mangé du Beaufort, du boeuf limousin, une pomme, un verre de lait et du saucisson, il était au stand des brasseurs, et avait bu 4 bières de suite".
"Quand je vais restaurant, on ne me demande même pas ce que je veux boire, on m'amène tout de suite une bouteille de bière", expliquait alors le chef de l'État.
Jacques Chirac a été ministre de l'Agriculture sous Georges Pompidou de 1972 à 1974. À cette époque il avait d'ailleurs confié : "Le fond du problème c'est que les éleveurs français sont devenus les meilleurs du monde, et toutes les races que nous voyons ici aujourd'hui en témoigne amplement, personne ne peut le contester".
Ce ne sont pas des bovins, ce sont des chefs-d'œuvre
Jacques Chirac au Salon de l'Agriculture en 2005
L'ancien président avait des phrases cultes. En 2005 il s'est écrié devant des taureaux limousins : "Ce ne sont pas des bovins, ce sont des chefs-d'œuvre". Plus sérieusement, il a été le ministre qui a défendu les agriculteurs, il a fait de la France une puissance agricole exportatrice.
Dans les négociations internationales, au GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, ndlr) à l'OMC, il tenait bon, pour préserver les aides agricoles. Aujourd'hui, les agriculteurs lui vouent toujours un culte. Car depuis, ces successeurs n'en ont pas fait autant, et l'agriculture n'a plus le lustre qu'elle avait quand Jacques Chirac était Président.