"L'adversaire c'est l'islamisme radical". Mardi (5 mars), Manuel Valls a réitéré ses propos contre le salafisme et contre toutes les atteintes à la laïcité. Il a raison d'enfoncer le clou. C'est un combat qu'il mène depuis longtemps. Le Premier ministre a raison de dire que l'"on ne peut pas accepter que dans nos sociétés on veuille effacer la femme de l'espace public". Tout comme il a raison de dire qu'il y a "une manière de revendiquer le voile islamique qui est jetée à la figure de la République".
Il n'est pas tout seul à gauche à le dire. Vous avez vu récemment la position d'Elisabeth Badinter, qui a appelé au boycott des marques qui proposent cette mode islamique. Certains vont même jusqu'à dire "la mode pudique". L'expression a fait bondir la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol. Dire que le "burkini" c'est pudique, dit-elle, ça revient à dire que les femmes en maillot de bain seraient des "dévergondées" et des "traînées".
Laurence Rossignol est une militante féministe et anti-raciste. Lorsqu'elle entend dire que "chacune a le droit de vivre comme elle veut", elle réplique du tac au tac qu'elle "s'est battue pour que chacune s'habille comme elle veut". Sans soumission.
C'est un combat politique, même si certains se retranchent derrière la bataille féministe pour ne pas avoir à juger l'islamisme radical. C'est un combat politique qui est très vif à gauche entre les partisans de la laïcité, qui refusent cette invasion de la religion, et la gauche multi-culturaliste, qui estime que la diversité y compris religieuse doit pouvoir s'exprimer dans l'espace public. Une gauche multi-culturaliste qui, par ailleurs, n'a pas rompu avec la lutte anti-coloniale qui est toujours sur de vieux schémas, de vieux débats.
Doit-on faire de ce débat identitaire un sujet central ? C'est une bonne question, parce que plus on met le doigt dessus plus on lui donne de l'importance. D'où la sortie du président du Conseil français du culte musulman, qui connaît bien Manuel Valls. Pour lui, il faut en finir avec les positions clivantes et préférer le travail de fond aux effets d'annonce. Ce n'est pas faux. Car le travail de fond est immense.
Où en est-on des expulsions d'imams radicaux ? Treize depuis plus d'un an, selon le ministère de l'Intérieur. Quid des fermetures de lieux clandestins salafistes ? Que faire de ces écoles sous l'emprise des Frères musulmans ? Autre exemple : il a été signalé à la ministre des Droits des femmes, une classe de jeunes filles en formation d'assistantes sociales en région parisienne. Une classe où 70% d'entre elles sont voilées. Qui va leur expliquer que la plupart d'entre elles vont exercer dans le public, où le voile est interdit ? Alors oui Manuel Valls a raison, mais les mots doivent maintenant être suivis d'actes.
Pierre Moscovici ne décolère pas contre Manuel Valls et ses propos contre la politique migratoire d'Angela Merkel. "Ce n'est pas tenable", avait dit le Premier ministre en raillant la chancelière allemande. "Il y a quelques mois les médias étaient même prêts à lui décerner le prix Nobel". On se souvient que Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry avaient eux aussi très mal pris la sortie du chef du gouvernement lors de son voyage à Munich en février. Selon le commissaire européen, "Manuel Valls a commis une faute, il a blessé les Allemands, et cette faute va le poursuivre pendant des années".
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