"Manuel Valls n'est plus l'agitateur de la majorité", affirme Olivier Bost
REPLAY - ÉDITO - Manuel Valls a taclé les journalistes lors de son déplacement en banlieue lundi 26 octobre. Il est, non pas énervé par leurs questions, mais parce que son discours porte moins.
Jean-Christophe Cambadélis s'en est pris au journal Le Monde ce week-end. Manuel Valls a taclé les journalistes qui l'ont interrogé en banlieue lundi. Que se passe-t-il ? Un peu de panique peut-être ? Je vous préviens tout de suite, je ne veux pas défendre les gentils journalistes contre les méchants politiques pas de corporatisme. D'autant qu'il ne faut jamais l'oublier, nous sommes comme les politiques parmi les professions les plus détestées.
Et le pire, c'est que les politiques le savent et qu'ils en jouent aussi de temps en temps. Regardez Manuel Valls hier. Il est aux Mureaux avec 15 de ses ministres pour annoncer des mesures sur les banlieues. Les journalistes présents lui posent des questions. Et là très caustique voire franchement agacé, le Premier ministre les envoie balader. Il prend tout le monde à témoin. "Je ne me prête pas à vos jeux, a-t-il finit par dire.
Manuel Valls paye sa loyauté à François Hollande
Mais pourquoi a-t-il réagit comme ça ? En fait, ce qui agace vraiment Manuel Valls ce ne sont pas les questions. Ce qui l'énerve, c'est que son discours porte moins. Quelle est la grande annonce ? Le grand moment que vous avez retenu du Premier ministre ces dernières semaines ou même ces derniers mois ? Pas grand-chose. C'est comme si Matignon avait fini par gripper la communication de Manuel Valls. Il y a deux raisons évidentes qui peuvent expliquer ce passage à vide : Manuel Valls n'est plus l'agitateur de la majorité celui qui bouscule son camp. Il y a pour ça Emmanuel Macron. Et Manuel Valls paye aussi sa loyauté indispensable et réelle à François Hollande.
Il n'est pas à côté du Président mais derrière le Président et ça change tout. Alors, il peut bien s'en prendre à quelques journalistes. Ce n'est pas ça qui le relancera. Et c'est exactement la même chose pour Jean-Christophe Cambadélis. La patron du PS ne supporte pas bien non plus la presse en ce moment. Lu, il veut carrément casser le thermomètre. Jean-Christophe Cambadélis accuse le journal Le Monde de vouloir faire la peau du PS. Il accuse les médias d'écrire le deuxième tour des régionales alors que le premier tour n'a pas eu lieu. Il accuse les médias de banaliser le Front National sauf que rien de tout ça n'explique quand même l'état du PS aujourd'hui sur le terrain.
Est-ce que vous savez quelle est la campagne menée par le Parti Socialiste en ce moment ? C'est le patron du parti qui le dit : "Au secours la droite reviens dans les régions !" C'est ça en fait le vrai problème de Jean-Christophe Cambadélis. Comme le message ne passe pas, il veut créer un peu de tension avec les médias.
Mais le plus étonnant dans ces attaques c'est que jusqu'ici c'était plutôt quand même le sport favori du Front National.
Une indiscrétion
Un ministre prédit quelques tensions à la tête de l'État en janvier quand il faudra composer une nouvelle équipe. François Hollande aimerait bien récupérer à cette occasion des écologistes pour avoir une majorité présentable en 2017. Mais Manuel Valls lui veut définitivement casser les écolos selon ce ministre. Des preuves ? Le Premier ministre est bien décidé à lancer le chantier de Notre-Dame-des-Landes dès le début de l'année. Et il a encore dit très récemment qu'il voulait faire repartir le chantier du barrage de Sivens. De quoi crisper les écolos analyse ce ministre et rendre impossible le rabibochage tant souhaité par l'Elysée.
