Macron alerte sur un retour aux années 30 : la thèse "n'est pas fausse", dit Mazerolle
ÉDITO - Dans une interview à "Ouest France", Emmanuel Macron se dit "frappé par la ressemblance entre le moment que nous vivons et celui de l'entre-deux-guerres". Selon Olivier Mazerolle, il n’a pas tort.

Est-ce qu’Emmanuel Macron ne dramatise pas quand il dit qu’il voit une ressemblance entre l’époque actuelle et l’Europe dans les années 1930 ? C’est une thèse qui est de nature à servir sa cause en vue des élections européennes, mais ça ne veut pas dire qu’elle soit fausse.
Certes, aucun pays européen n’est humilié et ruiné, comme l’était
l’Allemagne dans les années 1920. Mais il y a un état d’esprit qui rappelle cette période. La volonté des nations, et pas qu’en Europe, d’imposer leurs
intérêts particuliers, le retour de la loi du plus fort, l’invocation d’un bouc
émissaire, qui serait responsable de toutes les difficultés du moment. L’immigré
de 2018 a remplacé le Juif et le communiste des années 1930.
Les groupes d’extrême droite ont remplacé les milices, en
utilisant les réseaux sociaux pour diffuser leur message de haine. Emmanuel
Macron veut à juste titre dénoncer ce nationalisme ambiant qui rejette l’autre
et qui conduit inévitablement à l’affrontement.
Certes, il a tort de s’emporter et de stigmatiser certains
pays en traitant de 'fou' ceux qui les gouvernent, comme il l’a fait récemment
avec les dirigeants hongrois et polonais. Mais à un moment où Américains et Russes
semblent se préparer à une relance de la course aux armements nucléaires, il n’est
pas inutile de profiter du 100e anniversaire de la fin de la Grande
Guerre pour rappeler que la seule célébration de la victoire conduit
inévitablement à la guerre.