Rendez-vous est fixé à Matignon. Elisabeth Borne reçoit les syndicats à la veille d'une 11ᵉ journée de mobilisation. Dans la rue, ils brandissent la menace de quitter la table si la première ministre n'évoque pas la réforme des retraites, et notamment les 64 ans.
Le gouvernement doit-il faire des concessions pour éviter que la rencontre ne tourne court ? Est-ce que le gouvernement peut faire encore des concessions et si oui, de quelle nature ?
Invité de RTL, ce mardi 5 avril, le député PS/Nupes Jérôme Guedj attend de ce rendez-vous "un acte fort qui correspond à ce qu'expriment les Français dans les mobilisations sociales depuis dix journées déjà. Je ne vois pas d'autres portes d'entrée que d'annoncer le retrait de la réforme et le report de 62 à 64 ans".
Un retrait sinon rien ? "On voit que la première ministre veut ouvrir d'autres chantiers sur l'usure professionnelle, sur la qualité de vie au travail, sur les rémunérations, sur le compte épargne-temps universel. Il y a plein de sujets sur lesquels on est prêt à discuter", répond le député PS. "Mais sauf quand il y a un tel point de rupture sur une attente aussi essentielle", ajoute-t-il.
C'est un vrai moment d'écoute et de négociation
Violette Spillebout, députée du Nord, porte-parole du groupe des députés Renaissance
Des concessions sont-elles encore possibles ? "Concession, ce n'est pas la même chose qu'un renoncement. Si la seule et unique condition telle qu'elle est annoncée, un peu comme une menace par certains syndicats, c'est le retrait de la réforme, c'est vrai qu'on craint que la discussion soit difficile", répond Violette Spillebout, députée du Nord, porte-parole du groupe des députés Renaissance.
"Il faut des concessions des deux côtés. Moi, je l'espère, je veux. Je souhaite qu'on sorte de ce moment (...) Je pense qu'il est nécessaire pour que l'ensemble des Français comprennent que c'est un vrai moment d'écoute et de négociation, qu'il y ait un certain nombre de concessions".
Le gouvernement s'abrite-t-il derrière la décision du Conseil Constitutionnel ? "Non. Le Conseil constitutionnel, c'est quand même lui qui va dire le 14 avril, c'est-à-dire qu'on est contesté et d'ailleurs de façon extrêmement sérieuse, argumentée par nos oppositions (...) Quelle que soit la décision, on s'y conformera. Je pense que là, il faudra que chacun soit responsable", a indiqué la députée.
Si le Conseil constitutionnel valide le texte, qu'est-ce que vous faites ? "Une loi constitutionnelle n'est pas forcément une bonne loi. Au-delà de l'aspect juridique, on pourra avoir la continuité de la contestation sociale. Il y a certaines lois qui sont légales que je conteste et que je cherche à changer. Ça laissera des traces quoi qu'il advienne. L'ampleur de la rancœur dans le cœur et dans les esprits des Français laissera des traces", répond Jérôme Guedj.