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Hollande a effectué une "révolution copernicienne" selon Juppé
Une "révolution copernicienne" : c'est ainsi qu'Alain Juppé qualifie le discours prononcé par François Hollande à l'occasion de sa conférence de presse. Il émet toutefois des doutes sur la "crédibilité" du président de la République.
Alain Juppé le 5 décembre 2013 près de Bordeaux
Crédit : JEAN-PIERRE MULLER / AFP
"En rupture avec les thèmes qu'il avait développés pendant sa campagne électorale il y a deux ans, et avec la politique économique et sociale mise en œuvre par son gouvernement depuis son élection, voici qu'il met l'entreprise privée au centre de sa stratégie de croissance et d'emploi", estime Alain Juppé sur son blog ce mercredi 15 janvier, au lendemain de la conférence de presse de François Hollande, la qualifiant de "véritable révolution copernicienne dans la pensée présidentielle".
L'ancien Premier ministre s'interroge : "Pourquoi bouder notre plaisir devant une conversion aussi spectaculaire au social-libéralisme ?" Selon lui, cette "conversion qui va jusqu'à choisir, parmi les priorités de réduction du fardeau des prélèvements obligatoires sur les entreprises la suppression du financement de la politique familiale" est "exactement ce que la précédente majorité avait voté avec application au 1er octobre 2012".
Une "conversion" à surveiller sur le long terme, selon Juppé
Néanmoins, le fondateur de l'UMP se demande si "cette
conversion" sera "durable". Il craint d'assister "à un nouveau
changement de cap", s'interroge sur l'existence d'une majorité
parlementaire et d'un électorat prêts à "appliquer une telle politique". "Le flou persiste", estime Alain Juppé. "Où va-t-on trouver les 35 milliards nécessaires" à la baisse des charges ?, demande-t-il.
"On nous parle de 50 milliards d'économies supplémentaires. Mais où ? Dans les budgets des collectivités locales ? Je ne suis pas sûr que la réduction du nombre des régions y suffise... si elle est acceptée. Dans la lutte contre la fraude sociale (autre conversion) ? Les sommes en jeu ne sont pas à la hauteur du problème", dit-il. "Pour l'instant les seules annonces concrètes portent plutôt sur des dépenses nouvelles", juge-t-il.
Le maire de Bordeaux se pose enfin "la question de crédibilité", titre du billet sur son blog. "Ce nouveau discours et surtout les modalités de sa mise en œuvre (...) permettront-ils de recréer la confiance perdue des entrepreneurs et des investisseurs, condition sine qua non, selon le président lui-même, de la reprise de l'activité et du recul du chômage ?", questionne-t-il. "C'est là que tout se joue. On voit que tout reste à faire".
