Les cahiers de doléances des "gilets jaunes" ont tous rejoint les étagères des archives départementales. Parmi eux, 376 cahiers se trouvent à celles de Bordeaux, en Gironde, une place forte du mouvement des "gilets jaunes".
Agnès Vatican, directrice des archives, explique que ces cahiers "sont dans des boîtes de conservation", afin de ne pas prendre la poussière. "Nous étions tous conscients de la valeur documentaire de cette source. Là, vous avez celui de la Bastide à Bordeaux. Un cahier de 28 pages, avec des contributions tapuscrites et manuscrites qui font 4 pages", explique-t-elle au micro de RTL.
On y trouve également une lettre d'une mère de famille, dans laquelle elle écrit : "Monsieur le Président, j'aimerais que vous expliquiez à ma fille pourquoi maman ne met pas le chauffage l'hiver, pourquoi maman n'achète pas du pain tous les jours." Les formes de ces doléances sont variées.
D'abord, des idées pour la démocratie : reconnaissance du vote blanc, proportionnelle, référendum d'initiative citoyenne. On entend aussi des besoins de transport et de services publics. Mais ce qui marque le plus, c'est un cri pour la justice sociale et fiscale. "Rétablir l'ISF", "plus d'impôts pour les plus riches" ou encore "augmenter le pouvoir d'achat, les salaires, et revaloriser les retraites" sont des phrases récurrentes.
Certains se sont adressés directement au président ou aux députés : "Je vous invite à vous mettre dans la peau d'une personne qui gagne 1.811 euros par mois", a signé Madame Béquet à Libourne. Aujourd'hui réceptionniste dans un hôtel, elle raconte que son quotidien s'est un peu amélioré depuis 2018, mais elle a le sentiment d'avoir écrit dans le vide. "Je n'ai jamais eu de nouvelles. Macron, je n'ai pas ressenti cette attention, ni envers les retraités, ni envers les bas salaires. Il est dans sa bulle, il n'a rien arrangé", confie-t-elle.
Des cabinets privés ont bien été chargés d'en faire une synthèse. Emmanuel Macron devait en dresser le bilan le 15 avril 2019. Mais ce soir-là, Notre-Dame de Paris s'est enflammée.
Magali Della Souda, chercheuse au CNRS, ne les a pas oubliées. Depuis six ans, elle épluche les cahiers de Gironde et d'ailleurs. "Les cahiers sont parfaitement d'actualité parce que l'exécutif, jusqu'à aujourd'hui, n'a pas pris soin de prendre en compte ce qu'il y avait dedans. Et c'est bien là le risque. Ces dispositifs, vus comme des remèdes, s'ils déçoivent, et si on n'écoute pas celles et ceux qui participent, le grand risque, c'est un éloignement encore plus fort", explique-t-elle.
Les scientifiques n'ont donc pas manqué de s'emparer des cahiers. Le politique pourrait enfin suivre. Les équipes de Michel Barnier nous assurent avoir commencé à relire certaines des 20.000 cahiers et 200.000 contributions oubliées.
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