François Hollande repart de Cuba avec sa photo de Fidel Castro. Il repart de Cuba avec le titre de premier président français à s'être rendu sur place depuis un siècle. Premier chef d'État occidental à s'y rendre depuis le rapprochement entre Cuba et les États-Unis, avant Barack Obama. Il est le premier à incarner l'Europe à Cuba.
Sur cette visite, François Hollande est le premier en tout. D'ailleurs, il n'a pas cessé de dire aux journalistes qui l'accompagnent : "Je suis le premier, je suis le premier, je suis le premier !". En termes d'image, c'est carton plein.
Maintenant est-ce que cette visite aura un impact majeur sur le plan diplomatique ? Majeur, non : parce que c'est aux Américains qu'appartient la décision de lever l'embargo sur Cuba.
Dans ce genre visite, on pose toujours la question des droits de l'homme. À Cuba, on n'est pas chez les grands démocrates de progrès. Mais là encore, c'est de l'image. Aux yeux des dirigeants cubains, voir Fidel c'était un cadeau qu'ils nous faisaient. Tu parles du cadeau ! Souvenons-nous de ce que disait François Mitterrand : "Si la France ne conserve des relations qu'avec les pays respectueux des droit de l'homme, il ne restera pas grand monde".
Les droits de l'homme, c'est toujours le service minimum. On remet la Légion d'honneur au Cardinal Ortega qui a fait libérer des prisonniers politiques cubains. On offre un joli stylo à Raul Castro, parce que le stylo c'est le symbole de la liberté d'expression. Mais pas plus.
S'il y a des bénéfices à tirer de cette visite, c'est surtout sur le plan économique
Alba Ventura
Il ne fallait pas s'attendre à ce que François Hollande débarque à Cuba avec sous le bras cette tribune qu'il avait écrit en 2003, lorsqu'il était patron du PS, dans laquelle il dénonçait le côté "inhumain du régime castriste". C'est un grand classique de la diplomatie à la française. C'est ce que l'on appelle la Realpolitik.
S'il y a des bénéfices à tirer de cette visite, c'est surtout sur le plan économique. C'est la raison pour laquelle François Hollande a fait le voyage avec une dizaine de chefs d'entreprise. Alors il ne faut pas s'emballer. Le marché cubain n'est pas encore ouvert. Ça se bouscule au portillon. Mais le Président est quand même venu marquer le terrain, poser des jalons et montrer aux Cubains que l'on veut être parmi les premiers à être des partenaires pour demain.
Six îles en cinq jours, après Doha, Ryad et l'Arménie. On a le sentiment que François Hollande passe énormément de temps hors de l'Hexagone ces derniers temps. Bon, la Guadeloupe et la Martinique c'était en France et c'était clairement pour préparer l'élection présidentielle de 2017. Donc ce n'était pas un déplacement "international".
Mais il est vrai que le Président voyage plus. Il disait même récemment qu'il voyageait plus qu'il ne l'avait imaginé en entrant à l'Élysée. Certains médias se sont amusés à calculer. Il a fait plus de 150 déplacements. C'est 30% de plus que Nicolas Sarkozy, qui se déplaçait déjà beaucoup.
François Hollande ne peut pas passer son temps à voyager, c'est risqué
Alba Ventura
François Hollande sait bien qu'il doit équilibrer entre sa présence ici et hors de France. Il ne peut pas passer son temps à voyager. C'est risqué. On peut lui reprocher de n'être jamais là. Le chef de l'État s'est souvenu récemment du surnom que Michel Poniatowski avait donné à François Mitterrand à l'époque où l'ancien président avait été pris d'une frénésie de voyages : "La Madonne des Aéroports".
Cela, François Hollande ne l'a pas oublié. Il se gardera bien de trop multiplier les visites officielles surtout à l'approche de 2017.
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