Elizabeth Martichoux : "Le PS est à l'arrêt depuis deux ans"

Après la débâcle aux élections municipales, le PS est la cible des critiques. Le parti de la majorité entérinera, ce mardi 15 avril, sauf énorme surprise, l'arrivée de Jean-Christophe Cambadélis au poste de premier secrétaire du PS. 

Un PS qui tourne au ralenti

À quoi sert le PS ? Pour répondre à cette question, il faut se demander à quoi sert le parti démocrate américain de Barack Obama. À faire élire le président. C'est une machine électorale qui tous les 4 ans se dévoue corps et âme à l'élection avec des bataillons de jeunes militants.

Une fois l'élection passée, ils attendent la prochaine. C'est moins un parti qu'une organisation politique qui se préoccupe d'élection ou de réélection. Sa fonction est "programmatique", c'est-à-dire sa capacité à fournir des idées, des solutions, à nourrir une idéologie est nulle. C'est cela qui guette un parti comme le PS.

Depuis deux ans, le Parti socialiste ne sert à rien. Cette situation est devenue tellement embarrassante que même François Hollande s'est résolu à débrancher le premier secrétaire Harlem Désir qu'il avait pourtant choisi. Il faut donc être entreprenant, autoritaire, inventif pour diriger un parti majoritaire. 

Harlem Désir, un chef inexistant

À lire aussi

Alex Vizorek

Alex Vizorek : "De gauche avec des méthodes fillonistes, Cambadélis est un compromis à lui tout seul"

Un vieux routier du PS racontait qu'à l'époque de François Mitterrand ou de Lionel Jospin, quand on montait à l'étage du premier secrétaire au siège du parti, la solennité était de rigueur. Les partisans de Martine Aubry expliquent que la candidate à la primaire avait précisément restauré cette consistance à la tête du PS. Sous-entendu : avec François Hollande cela manquait singulièrement. 

Quoiqu'il en soit, le PS est à l'arrêt depuis 2012 avec un chef inexistant. Cependant, il n'est pas facile d'exister pour un parti majoritaire. À une époque révolue, celle du RPR, on parlait de la "démocratie des autocars", à propos de Charles Pasqua qui n'avait pas sa pareille pour remplir les cars de militants venus soutenir par principe leur président ou leur premier ministre.

Des années plus tard, Patrick Devedjian à la tête de l'UMP, voulait modifier les pratiques à droite sous Nicolas Sarkozy. Il est donc allé le voir, il lui a dit "je te propose un soutien critique de temps en temps à l'UMP, on dira que cette initiative du gouvernement,  n'était peut-être pas la meilleure idée".

Défendre son gouvernement mais rester autonome

Patrick Devedjian s'est fait renvoyer dans ses foyers. Nicolas Sarkozy l'a déboulonné de son port à la première occasion en le nommant au gouvernement. C'est une manie à droite et à gauche de se débarrasser d'un chef de parti en le catapultant ministre.

La question reste entière : comment être utile sans être la brigade des applaudissements permanents ? Le parti doit soutenir le gouvernement mais il court le risque de se discréditer. Le PS a tout de même été utile en organisant des primaires, mais ceci était avant d'être majoritaire. Pour se reconstruire, le PS doit conserver le contact avec les électeurs, faire les cages d'escalier, du porte à porte. 

Il est face à deux défis. D'abord, il faut combiner la loyauté vis-à-vis du gouvernement tout en gardant une autonomie et une distance critique. Il devra aussi trouver une voie entre l'aile gauche qui prône la transformation sociale et l'aile droite qui préconise la bonne gestion. Ce sera à Jean-Christophe Cambadélis de superviser les travaux au milieu de ce champ de ruines. Il présentera, ce soir, une nouvelle organisation du parti.