La bataille de la réforme des retraites a commencé à l'Assemblée. Marine Le Pen voulait que le projet de loi soit soumis à un référendum : c'est non. C'est un échec pour elle ? Non. En réalité, cette motion n’avait aucune chance d’aboutir et Marine Le Pen le savait parfaitement. Elle savait surtout qu’elle mettrait Les Insoumis dans l’embarras parce que LFI veut bien accepter les voix du RN, mais voter avec le RN, non.
Alors que l’un comme l’autre plaidaient pour l’organisation d’un référendum. Ça lui permet de pointer la posture politicienne de ces autres opposants bien plus remuants qu’elle.
D’ailleurs, vous avez remarqué, jusqu’à présent elle était restée sous les radars Marine Le Pen. Pas de manifs, pas de buzz avec son groupe, elle a préparé ses amendements. Des amendements dont une députée socialiste saluait discrètement devant l’un de ses collègues sénateur, le côté cadré, travaillé.
C’est cela qu’elle joue : le sérieux et le fait d’apparaitre comme la principale opposante. Un autre modèle d’opposante que la Nupes. Elle veut montrer qu’elle n’est pas dans l’obstruction mais dans la construction. Mais elle a quand même tiré à vue hier.
À l’écouter, rien ne va, sauf elle ! Elle flingue la Nupes, qu’elle traite de "tartuffes", elle pointe leur brutalité tout comme la brutalité sociale d’Emmanuel Macron. Elle tire sur Les Républicains qu’elle accuse de mener une "négociation de marchands de tapis" avec les macronistes.
Marine Le Pen fait son marché, c’est habile et opportuniste
Alba Ventura
Et en même temps, elle dit qu’elle ne rechignera pas à voter l’amendement des Républicains sur les carrières longues, comme elle plaide pour le maintien des régimes spéciaux des marins et des pompiers, c’est-à-dire ce que propose le gouvernement.
Elle prend ce qui l’arrange Marine Le Pen, elle fait son marché c’est habile et opportuniste. Ça lui évite surtout d’entrer dans le fond du sujet, dans la technicité de sa proposition d’une retraite à 62 ans, 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 17 ans, dont on a toujours du mal à voir comment elle la financerait.
Mais peu importe pour Marine Le Pen parce que ce qui compte c’est l’opinion : comment surfer sur l’opinion. Elle utilise cette réforme des retraites pour prendre les Français à témoin. Elle prépare sa prochaine présidentielle.
Cette réforme c’est la grande bagarre du quinquennat d’Emmanuel Macron mais c’est aussi la sienne dans le sens où elle construit sa candidature pour 2027, où elle cherche à montrer que le Rassemblement national est un parti de gouvernement.
D’ailleurs quand on lui demande ce qu’elle fera si ça bloque, elle répond : "Si ça ne marche pas, on se retrouvera dans 3 ans". Dans 3 ans, ce sera le début d’une nouvelle campagne présidentielle.
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