Emmanuel Macron n'en démord pas. Il veut voir adopter sa loi immigration. Il l'a dit, le 12 décembre en Conseil des ministres, en accusant les oppositions d'irresponsabilité. Est-ce qu'il reste une chance ? Une chance de voir adopter SA loi d’immigration, c'est-à-dire un texte d’équilibre : non, aucune chance.
Ce qui peut être adopté, c'est une loi plus dure, une loi qui correspond à la vision de la droite, des LR, plutôt qu’à la vision de la macronie. En fait, une loi plus proche de celle qui a été votée au Sénat, qui renforce de nombreuses dispositions, qui supprime le droit du sol pour les enfants dont les 2 parents sont étrangers, qui durcit les conditions du regroupement familial, qui vérifie le sérieux des candidatures des étudiants étrangers.
Ça, en tout cas, c’est le pari que fait Éric Ciotti, le patron des Républicains, c’est lui, avec le chef des députés LR Olivier Marleix, qui a fait basculer le vote qui a conduit au rejet du texte lundi et qui a fait de ce rejet, un cauchemar pour le gouvernement. C’est lui Éric Ciotti, qui se pose aujourd’hui en faiseur de loi !
Cela veut dire que le patron de LR cherche une victoire politique sur la loi de Gérald Darmanin ? Oui. Sur celle-là encore plus que sur une autre loi. Celle-là serait une victoire au goût de revanche. Pour Éric Ciotti, la vengeance est un plat qui se mange froid.
Il faut avoir en tête que pour lui, la situation qui se joue est une manière de solder au moins deux dossiers : l’adoption de la réforme des retraites par 49.3 et un dossier plus ancien, le départ de Gérald Darmanin des Républicains pour rejoindre Emmanuel Macron, vécu comme une trahison.
C’est tout cela qui est train de se régler. D’ailleurs, Éric Ciotti ne s’en cache pas, il ne veut plus parler à Gérald Darmanin mais directement à Élisabeth Borne et il ne manque pas de se vanter de l’avoir eue au téléphone pour discuter, voire négocier.
Éric Ciotti rêve de voir Gérald Darmanin lui manger dans la main pour qu’in fine le texte du Sénat soit voté et qu’il puisse dire qu’il a gagné ! Donc on se retrouve dans la même situation que lors de la réforme des retraites, où les LR ont entre leurs mains, le sort de la loi.
Avec une nouvelle donnée qui n’est pas anodine pour Emmanuel Macron : si les négociations vont trop loin dans le sens des Républicains, c’est sa majorité qui va se retrouver fracturée, il ne faut pas oublier que son aile gauche ne veut pas d’une loi qui pencherait exclusivement à droite.
Donc, après avoir réduit à néant le PS et les LR, la macronie risque de se retrouver comme le Titanic, coupé en deux. Le résultat de tout ça, c’est quand même un spectacle parlementaire et politique déplorable, le constat d’une incapacité à gouverner sur des sujets clivants et un RN qui continue de se frotter les mains.
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